Hervé Morin a présenté ce mardi à Cherbourg son plan d'équipement pour la filière hydrogène. La Région va y consacrer 15 millions d'euros sur 5 an. Elle mise sur cette énergie pour alimenter les véhicules et les navires de demain et y voit un atout pour stocker l'énergie éolienne.
"Nous allons investir 15 millions d'euros sur cinq ans dans un Plan Normandie hydrogène très ambitieux", a déclaré le président du conseil régional Hervé Morin, ce mardi à Cherbourg, rappelant que la Manche avait été précurseur en inaugurant en 2015 la première flotte de véhicules fonctionnant à l'hydrogène en France, et donc n'émettant pas de dioxyde de carbone, et sa station-service.
La Région vise le développement d'un "hydrogène vert" - c'est-à-dire fabriqué par électrolyse de l'eau avec de l'électricité renouvelable - grâce à son potentiel dans l'éolien offshore et l'hydrolien, selon l'ancien ministre.
La Normandie a certes "pris du retard" dans l'objectif annoncé en 2015 par l'ex-Basse-Normandie, alors PS, d'ouvrir 15 stations à hydrogène d'ici à fin 2018 puisque une seule station prévue par ce plan, qui n'incluait pas Saint-Lô, a été ouverte, à Rouen, a reconnu Julien Brunet, de la société Symbio, chargé de ce projet. L'objectif est repoussé à mi-2019, a ajouté M. Brunet, attribuant le retard notamment à la fusion des Normandie.
La question est de savoir si "il y a des agglomérations prêtes à se lancer", a commenté M. Morin. "Nous avons à bâtir la même chose dans les ports, notamment à Ouistreham puisque Brittany Ferries a commandé un bateau qui aura une propulsion en partie à hydrogène", a ajouté le centriste.
Le plan prévoit aussi de soutenir un projet de bateau de pêche avec propulsion à hydrogène à Cherbourg. La construction doit débuter début 2019 et durer trois ans, selon les chantiers Allais, pilote du projet. "Et nous avons indiqué à la SNCF que nous étions disponibles pour une expérimentation hydrogène sur le rail", a ajouté M. Morin. Mi septembre, Alstom a lancé en Allemagne le premier train à hydrogène au monde.
La flotte du département de la Manche compte aujourd'hui 17 véhicules à hydrogène, a indiqué mardi la collectivité. Et 10 vélos électriques à hydrogène ont également été mis en service par les collectivités à Saint-Lô et à Cherbourg fin 2017 et dans les mois qui ont suivi.
Les voitures à hydrogène de la Manche ont une autonomie de 250 km car la station de Saint-Lô (à 350 bars de pression) ne permet pas de remplir totalement leurs réservoirs, a aussi indiqué mardi M. Brunet. Une station à 700 bars, plus coûteuse, leur permettrait une autonomie de 500 km, selon lui.
Reportage de Sylvain Rouil, Laïla Agorram et Marc Michel
Intervenants:
- Frédéric Ludet, responsable des chantiers Allais - Groupe Efinor
- Hamid Gualous, enseignant-chercheur