Il saute à pieds joints sur des veaux : huit mois de prison avec sursis pour l'employé d'un centre de transit

Dans une vidéo diffusée en 2019, les associations L214 et Eyes on Animals avaient dénoncé les sévices infligés à des animaux à Tollevast dans un centre de transit entre la France et l'Irlande. Un des salariés du centre a été condamné par la justice.

En mai 2019, l'association animaliste L214 publiait avec Eyes on Animals une enquête sur l'exportation de veaux d'Irlande en Hollande. "On fait naître des veaux pour la production de lait et ces veaux, dont on ne sait pas trop quoi faire, sont envoyés dans des énormes centres d'engraissement intensif en Irlande ou parfois en Italie ou aux Pays-Bas", expliquait à l'époque Sébastien Arsac, le directeur des enquêtes chez L214. Les deux associations avaient suivi et retracé tout le cheminement des animaux à travers l'Europe, dénonçant notamment leurs conditions de transports à bord de ferrys. Mais le pire, selon elles, se déroulaient dans un centre de transit de Tollevast, près de Cherbourg, entre le débarquement du bateau et le départ en camion sur le continent.

Dans la vidéo qu' L214 et Eyes on Animals avaient pu réaliser grâce à une complicité interne, on apercevait notamment un employé sauter à pieds joints sur un veau. Peu après la publication de cette vidéo et le dépôt d'une plainte par les deux associations, l'homme avait été placé en garde à vue. "Selon les premiers éléments de l'enquête, il s'agit d'un acte isolé ", estimait alors le Procureur de la République de Cherbourg Yves le Clair. Trois ans plus tard, la justice semble abonder dans ce sens, au grand dam des associations.

Le salarié du centre de transit pour bétail, âgé de 28 ans, a été condamné à huit mois de prison avec sursis. Il a également interdiction d'exercer une activité auprès
des animaux pendant cinq ans et de détenir un animal pendant trois ans. Enfin, il devra verser 800 euros à quatre des associations qui s'étaient constituées
parties civiles: L214, la Fondation Brigitte Bardot, la SPA et l'OABA, l'Association
de protection des animaux de ferme. L'exploitant de l'établissement ainsi qu'un
autre salarié ont quant à eux été relaxés.

Un fusible selon les associations

"Ce jugement n'est dissuasif ni pour l'entreprise ni pour le secteur de l'élevage intensif, car il considère qu'il s'agit d'une faute individuelle d'un salarié qui a enfreint la règlementation", a réagi auprès de l'AFP Brigitte Gothière, cofondatrice de L214. "Ce salarié est un fusible alors que l'exploitant avait une responsabilité en ne prenant pas de mesures pour faire cesser son comportement après en avoir été alerté. De plus, il n'était pas le seul à taper sur le nez des veaux pour les forcer à s'abreuver", a ajouté Mme Gothière, assimilant les entreprises de transit à des "boîtes noires" et regrettant des temps de transport "de 50 heures" pour ces animaux qui reviennent ensuite dans l'Hexagone sous forme de viande.

Outre les actes de cruauté, les associations de défense des animaux dénonçaient aussi des mauvais traitements, jugeant que les animaux n'étaient pas assez alimentés. Selon elles, plus d'1,3 million de veaux nourrissons ont été transportés entre pays européens en 2019. L'Irlande en a exporté plus de 200.000 cette année-là, principalement à destination de "centres d'engraissement intensif" d'Espagne et des Pays-Bas, via Cherbourg, selon elles.

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