Les Pays-Bas ont annoncé avoir choisi le français Naval Group pour la construction de quatre sous-marins militaires. Si l'on ne peut mesurer l'impact qu'aura ce contrat sur l'emploi dans le Nord-Cotentin, la société a précisé que les modules fabriqués aux Pays-Bas seraient bien intégrés au site cherbourgeois.
L'antenne cherbourgeoise de Naval Group pourrait bientôt concevoir les coques des futurs submersibles militaires néerlandais. Les Pays-Bas ont opté pour la France, au détriment notamment du tandem formé par le suédois Saab et le néerlandais Damen. Un contrat qui porte sur la construction de quatre exemplaires du sous-marin Barracuda.
Un contrat estimé entre 4 et 6 milliards d'euros
La victoire de Naval Group marque le premier succès à l'export de son sous-marin Barracuda, dont 12 exemplaires avaient été vendus à l'Australie avant que Canberra n'annule le contrat en 2021.
"Après un processus de devis minutieux, Naval Group construira les nouveaux sous-marins", a déclaré le secrétaire d'Etat néerlandais à la Défense, Christophe van der Maat, à Le Helder (nord), où se situe la plus grande base navale de la marine néerlandaise.
Naval Group a réussi à proposer une offre équilibrée, polyvalente et réaliste. L'industrie néerlandaise a également un rôle important à jouer, condition importante dans le processus d'attribution.
Christophe van der Maat
La Haye n'a pas indiqué le prix du contrat mais selon les médias locaux, il pourrait s'élever entre 4 et 6 milliards d'euros. Interrogé à ce sujet, Christophe van der Maat a indiqué à l'AFP que le budget du projet était de 5,6 milliards d'euros, et que l'offre de Naval Group était "inférieure" à ce montant.
La compétition opposait le groupe public français Naval Group, allié au néerlandais Royal IHC, à l'allemand Thyssenkrupp Marine Systems (TKMS) et au suédois Saab qui a fait alliance avec le constructeur naval néerlandais Damen.
Un "honneur" pour Naval Group
Ce long processus entamé en 2015 vise à remplacer les quatre sous-marins de classe Walrus lancés au début des années 1990 et dont le premier a été retiré du service à l'automne dernier pour que ses pièces puissent servir à l'entretien des autres.
"Équipés des derniers systèmes et technologies, les nouveaux sous-marins sont un digne successeur de la classe Walrus", a souligné le ministère néerlandais de la Défense dans un communiqué.
Le PDG de Naval Group Pierre-Eric Pommellet s'est dit "honoré" que le groupe ait été sélectionné "à l'issue d'une compétition acharnée et de participer à ce projet d'importance stratégique". Naval Group promet de veiller à ce que "l'écosystème néerlandais développe et conserve son expertise et son implication tout au long du cycle de vie du sous-marin", selon un communiqué.
"Les nouveaux sous-marins constituent une étape importante dans le renforcement de notre sécurité", a affirmé sur X Kajsa Ollongren, ministre néerlandaise de la Défense.
Deux sous-marins en service d'ici 10 ans
Le contrat comprendra également un accord de coopération industrielle (ICA), visant à renforcer la base technologique et industrielle de défense néerlandaise, même si l'assemblage des sous-marins sera réalisé dans le chantier naval de l'entreprise retenue, possiblement à Cherbourg-en-Cotentin.
La sélection de Naval Group "permettra aux Pays-Bas de disposer de sous-marins de classe océanique au plus haut standard mondial, renforçant ainsi les forces armées néerlandaises ainsi que les capacités européennes au sein de l'OTAN", a déclaré le ministère français des Armées.
Le gouvernement néerlandais a informé le gouvernement français du choix de Naval Group, suite à la compétition relative au renouvellement de la capacité sous-marine des Pays-Bas.
— Sébastien Lecornu (@SebLecornu) March 15, 2024
Ce choix permettra aux Pays-Bas de disposer de sous-marins de classe océanique au plus haut standard… https://t.co/tzKVNjn0Np
Les deux premiers sous-marins doivent entrer en service dans les dix ans suivant la signature du contrat. Un premier Barracuda, le Suffren, équipe la Marine française dans une version à propulsion nucléaire. Le modèle destiné aux Pays-Bas est lui à propulsion conventionnelle diesel-électrique et un peu plus petit, 3 000 tonnes contre 4 500 tonnes.
La Marine néerlandaise a fait part de son besoin d'être dotée de sous-marins océaniques de grande autonomie afin de pouvoir opérer loin de ses bases, ce pour quoi le Barracuda a été conçu.