Dans le sud-Manche, la Sée, une rivière dont les eaux finissent dans la Baie du Mont-Saint-Michel, fait l'objet depuis quelques mois d'un vaste programme de nettoyage. Mais pour le groupe ornithologique normand, la disparition d'une partie de la végétation des rives fait fuir les oiseaux.
C'est un vaste programme qui doit s'étaler sur cinq ans. La Sée, rivière du sud-Manche de 68 kilomètres se jetant dans la Baie du Mont-Saint-Michel, fait depuis quelques mois l'objet d'un grand nettoyage de ses rives. "Le cours d'eau n'ayant pas été entretenu, contrairement à ce qui se passait dans les années 50, il y à la fois les peupliers qui fragilisent la berge, le biotope qui est perturbé par les feuilles de peupliers qui ne pourrissent pas très vite", explique François Serrant, le président association « odyssée » qui regroupe les usagers de la rivière, "Ensuite, à chaque fois qu'il y a une tempête et qu'on a un peuplier qui part, c'est un grand pied de souche avec beaucoup de terre qui perturbe les frayères."
Les peupliers, plantés généreusement en bordure de la Sée dans les années 80, sont la première victime de vaste programme de nettoyage lancé il y a quelques mois et financé par l'Europe, la Région, l'agence de l'eau et plusieurs communautés d'agglomérations pour un montant de 830 000 euros. Près de 3000 arbres vont être abattus. "Ils ont des système racinaires qui sont très superficiels donc ils ne tiennent pas les berges suffisamment et on se retrouve avec des arbres qui tombent dans l'eau et qui arrachent la rive", explique Thibault Taral, technicien rivière.
"Un nettoyage violent, qui n'était pas indispensable"
Le but de l'opération : faciliter l'accès à la rivière aux usagers mais aussi permettre une circulation plus aisée des saumons. Un argument qui ne convainc pas le groupe ornithologique normand. "Les saumons remontent la Sée bien avant qu'on ait inventé la tronçonneuse, les troncs couchés ça ne les a jamais gênés ", indique l'un de ses membres, Jean Colette qui regrette "un nettoyage violent, qui n'était pas indispensable."Car les peupliers ne sont pas les seuls victimes de ce nettoyage, selon les défenseurs des oiseaux. "J'ai perdu un tiers des espèces: le Martin-pêcheur, le Tarin, le Bouvreuil, des espèces emblématiques qui sont sur la liste rouge des espèces menacées", s'indigne Jean Colette, " J'ai perdu la moitié des individus qui étaient là l'année dernière, tout ça parce que ces oiseaux ne trouvent plus le long de la rivière le boisement qui leur était indispensable : les saules, les aulnes, les troncs morts." Les membres du groupe ornithologique normand réclament donc une table ronde pour repenser le nettoyage de la rivière avant la fin du programme.