"Du jour au lendemain, on nous laisse tomber" : Deux ans après son lancement, ultime terminus pour cette navette solidaire

Depuis deux ans, le Séebus transportait gratuitement des personnes âgées ou en situation de précarité dans Avranches (Manche). Faute d'usagers suffisants, la mairie a décidé de suspendre son activité à compter du mois de février. Un choix qui surprend et chagrine les utilisateurs.

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Installées à l'arrière du minibus, Josyane et Claudine, reviennent de leurs courses à bord du Séebus, une navette gratuite mise à disposition à Avranches (Manche). Les deux retraitées la prennent pour la dernière fois, à regret. La mairie a décidé de la suspendre à compter du mois de février.

"On nous laisse tomber du jour au lendemain, on s'était habitué à l'emprunter pour des trajets que l'on ne peut pas faire à pied. C'est vraiment dommage", regrette Josyane, munie d'un panier à roulettes. Avec la navette, elle s'évitait un long trajet, du centre-ville où elle réside aux grandes surfaces commerciales, situées aux sud de la commune.

Une navette cofinancée par les commerçants

En face d'elle, Claudine acquiesce. "Elle est extrêmement pratique pour moi. Je n'ai pas le permis de conduire et financièrement, je n'avais pas d'argent à débourser", précise-t-elle.

Cette navette gratuite pour les personnes démunies ou isolées a été affrétée par le centre communal d'action sociale (CCAS) et cofinancée par les commerçants de la ville. Chacun pouvait verser entre 1800 et 2100 euros par an pour le recouvrir d'encarts publicitaires.

On l'a vraiment fait avec le cœur, il n'y avait pas de but commercial.

Marina, commerçante à Avranches

"Avec mon mari, nous avions vraiment envie d'apporter ce service public aux personnes âgées et aux jeunes. C'est un réel besoin car il n'y a pas de transports en commun ici", explique Marina, gérante d'un restaurant et contributrice au dispositif. 

Mais en deux ans, seulement 38 cartes de transport ont été délivrées. La petite navette n'a pas trouvé son public à Avranches, où six arrêts étaient desservis.

"C'était un super projet pour faire vivre le centre-ville. Je trouve dommage que les gens n'aient participé davantage pour la faire durer", témoigne Céline, opticienne.

Des frais trop élevés

En conséquence, la mairie a décidé de mettre fin à l'activité du minibus : "Le chauffeur a prévenu les usagers à chaque tournée depuis l'annonce de l'arrêt, soit début janvier. Ils ont par ailleurs reçu un courrier le 16 janvier 2024", précise-t-elle. 

Les sommes investies étaient trop importantes par rapport au nombre d'usagers.

Martine Lorin, adjointe au maire d'Avranches

Chaque année, la ville déboursait 22 000 euros pour le salaire du chauffeur, les frais d'entretien du véhicule et les assurances. Un coût trop élevé par rapport à l'usage qui en était fait, selon elle. La navette circulait deux fois par semaine avec une moyenne de huit voyageurs à la journée.

Pour ne pas totalement abandonner le projet, le CCAS et la ville ont fait appel à deux associations locales pour reprendre le flambeau : "Solidarité transport" et "Phaéton". Le nouveau dispositif s'adressera uniquement aux foyers non imposables, résidant sur la commune. Une cotisation annuelle de trois euros leur sera demandée.

Cette alternative reposera uniquement sur des trajets à la demande des personnes, et non plus fixes comme ceux effectués par le Séebus. Les usagers, cette fois-ci, seront peut-être au rendez-vous.

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