REPLAY. Départementales 2021 dans la Manche : tout ce qu'il faut savoir sur le débat du 1er tour et sur ce scrutin

Les 20 et 27 juin, les électeurs de la Manche renouvelleront les binômes représentants des 27 cantons de leur département. Il ne devrait pas y avoir de surprise. Ce département tout en longueur, rural et maritime, qui ne cesse de perdre des habitants, devrait rester de centre-droit.

Ils sont 190 candidats, soit 95 binômes, à vouloir travailler à l'avenir du département de la Manche pour les 7 prochaines années, puisque, cette fois-ci, leur mandat durera une année de plus. Les prochaines élections départementales ont été décalées en 2028 pour ne pas se tenir la même année que l’élection présidentielle de 2027.

7 années pour s'occuper des routes, de l'éducation, de la culture mais surtout de la petite enfance, des personnes handicapées et des personnes âgées  puisque l'aide sociale est la compétence principale du département. Voici cinq choses à savoir avant d'aller glisser votre bulletin dans l'urne.

(Re)VOIR. Le grand débat des élections départementales 2021 dans la Manche, diffusé le lundi 7 juin sur France 3 Normandie : 

Découvrez ici le grand débat d'avant 1er tour pour le département de la Manche, diffusé sur France 3 le lundi 7 juin 2021. Un débat présenté par Sylvain Rouil avec pour invités : 

  • Jean Morin, 1er vice-président du conseil départemental, candidat sur le canton de Créances sous la bannière « La Manche avec vous, la Manche pour vous » sans étiquette, il représente la majorité départementale de la Manche.
  • Dominique Hébert, candidat dans le canton de Cherbourg-en-Cotentin 4 sous la bannière « La Manche nous rassemble » qui regroupe le PS et EELV.
  • Marie-Françoise Kurdziel, candidate du Rassemblement National dans le canton de Pontorson. 
  • Bertrand Hulin, candidat du parti communiste sur le canton de Cherbourg-en-Cotentin 5 et sous la bannière « Rassemblement de la gauche combative, républicaine et écologiste ».

 

Manche Numérique, pour démarrer ce débat …

Pour rappel, en décembre 2020, le tribunal administratif de Caen a accordé plusieurs millions d'euros de dédommagement à l'entreprise Nomotech qui déploie le haut-débit en zone rurale en délégation du syndicat mixte Manche Numérique. Autre volet juridique : le président du Conseil départemental Marc Lefèvre et le président de Manche Numérique Serge Deslandes doivent être entendus début juillet devant les tribunaux pour non-respect des règles des marchés publics dans le cadre de Manche Numérique.

"Il y a eu un effet de loupe sur cette affaire avec l’approche des élections" explique Jean Morin, "J’estime personnellement que Manche numérique remplit son rôle… Si le département n’avait rien fait en la matière nous aurions peut-être à peine commencé ". "Nous sommes à 40% des objectifs " a-t-il ajouté.

Bertrand Hulin, s'estime surpris par ces propos : " je tombe un peu des nues d’entendre Jean Morin dire que c’est une non-affaire, qu’il n’y a pas de sujet. Moi je ne commenterais pas la petite actualité du petit monde politique manchois. Par contre ce que je constate, moi en tant qu’enseignant et parent d’élève, c’est que le retard pris par Manche numérique a été gravement pénalisant pour plusieurs milliers d’élèves".

Dominique Hébert enfonce le clou : "On voit bien que quelque part, cette affaire mais aussi la méthode mise en œuvre dans la gouvernance du département. On est un peu dans une forme de fin de règne". "Ca fait des dizaines et des dizaines d’années que la droite gouverne au niveau du département de la Manche et je crois qu’à partir de là des dérives se sont installées"

Marie-Françoise Kurdziel, s'interroge : "d’abord je m’inquiète et je me demande comment de telles affaires ont pu arriver. Je pense que les élus, tous les élus, sont là pour être garants du bon fonctionnement du conseil départemental ".

La question de la solidarité au centre du débat

"Je crois que les jeunes, et on l’a bien vu à travers la crise sanitaire ont rencontré énormément de difficultés" rappelle Dominique Hébert, "ils étaient isolés, ils n’ont pas pu faire leurs études sur les campus et en plus ils n’avaient pas forcément de quoi se nourrir. Je crois que dans ce cadre-là, le département a un devoir de pouvoir accompagner ces jeunes, les 18-25 ans. Je ne pense pas qu’il faille forcément le RSA mais on peut être inventif. Là, de ce côté-là, le conseil départemental de la Manche a refusé toute discussion avec nous lorsque nous les avons sollicité".

" Il y a une différence essentielle entre la droite, les droites et la gauche"  ajoute Dominique Hébert, "la droite considère les aides sociales comme un coût. Jean Morin va peut être nous expliquer que le budget des aides sociales a augmenté ces dernières années mais il est aujourd’hui de 43% alors que dans la moyenne des départements français il est au-delà des 50% . Donc le département de la Manche ne fait pas assez pour accompagner et aider les manchois et manchoises en difficulté."

Bertrand Hulin : "cette jeunesse-là, elle a souffert, il faut donc trois choses : une allocation d’autonomie qui permette de se lancer dans la vie, (…) des dispositifs d’accession sociale à la priorité et un droit à la santé, avec le développement des centres de santé'

Marie-Françoise Kurdziel ; "Je pense qu’il faut aider les personnes en difficulté, les personnes qui sont vraiment en difficulté. Je voudrais qu’on regarde un petit peu au niveau de la fraude sociale parce que je pense qu’elle existe, il ne faut pas le nier. Bien sûr, le RSA il faut l’accorder aux personnes qui n’ont rien d’autre pour vivre. Je pense que s’agissant des mineurs isolés, je pense que les aides sociales doivent être réservées essentiellement aux français".

 

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Qui pour succèder à Marc Lefèvre ?

L'un des enjeux de ces élections est bien la succession de Marc Lefèvre. Après 4 ans à la présidence du conseil départemental de la Manche ( il a succédé à Philippe Bas qui a dû démissionner en raison de la règle sur le non cumul des mandats après sa réélection en tant que sénateur ), il raccroche à presque 71 ans. Ce vétérinaire de profession classé divers-droite aura consacré plus de la moitié de sa vie à la politique : maire de Sainte-Mère-Eglise pendant 30 ans, il a siégé 24 ans au conseil départemental.

Lors de la dernière assemblée plénière, il a évoqué la lourdeur de sa tâche. Il quitte ses fonctions dans un contexte de défiance vis-à-vis d’une institution marquée par plusieurs affaires, des départs en pagaille, des dysfonctionnements dans l’application des règles d’attribution des marchés publics. Des soupçons de non-respect de ces règles planent sur Manche Numérique, le réseau de fibre publique du département. Marc Lefèvre a été notamment entendu en justice dans cette affaire.

260 millions pour le social et la solidarité

On a coutume de dire que le conseil départemental se retrouve de la naissance à la fin de vie. La solidarité ( petite enfance, personnes handicapées, personnes âgées) est la compétence majeure du département. 260 millions de son budget y sont consacrés, soit 44% du budget total.

Par exemple 10.000 Manchois touchent le RSA, le Revenu de Solidarité Active. Il a augmenté de 11, 6% l'an dernier car la crise sanitaire a fragilisé les plus précaires. Ce qui a conduit à une augmentation de 5 millions du budget social. 

La Manche fait partie aussi de cette poignée de départements avec l’Orne et l’Eure à avoir fixé un seuil d'épargne au délà duquel il radit ses bénéficiaires du RSA. Dans la Manche il est de 23 000 euros. La justice a estimé que c'était illégal mais Philippe Bas, l'ancien président du conseil départemental, de nouveau candidat, s'entête à vouloir porter ce projet au sénat.

Une population en baisse et vieillissante

Si la crise sanitaire a permis à bon nombre de Français de découvrir le département de la Manche et de vanter sa beauté, il continue de perdre des habitants. Le département compte 490.000 habitants et 30% des Manchois ont plus de 60 ans, une proportion supérieure à la moyenne nationale.

Le département qui gère les collèges a dû fermer des établissements. Le département a perdu 4300 élèves en 20 ans.

7780 km de routes à entretenir

La Manche a le plus grand réseau de routes départementales de France : 7780 kilomètres. Cela s'explique par un habitat rural et dispersé. Un réseau que le département doit entretenir.

Mais le grand projet des années à venir c'est le contournement ouest de Cherbourg-en-Cotentin. Le projet estimé à 70 millions d'euros sera en grande partie financé par le département (40%). Certaines élus s'y opposent notamment car son financement repose sur les recettes fiscales de l'EPR.

350 km de côtes

On ne cesse de louer la beauté du littoral de la Manche, de ses havres, de ses plages, de ses falaises... Du nord au sud, c'est un enchantement. Et cette proximité avec les îles anglo-normandes, à peine 30 kilomètres...

Mais le Brexit a remis une frontière en place. La guerre pour le poisson tend un peu plus les relations entre les pêcheurs normands et anglo-normands. 

Quand aux rotations des bateaux de la compagnie Manche îles express, il n'y aura rien cet été. Cela coute trop cher au département qui réfléchit au maintien de sa compagnie maritime pour 2022. Les bateaux seront-ils conservés ? Toutes les liaisons seront-elle maintenues ?  Faut-il faire appel à un prestataire privé ? Autant de questions auxquelles devra répondre la nouvelle assemblée départementale.

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