L'observation d'un loup dans la Manche fin juillet a amené l'Office français de la biodiversité à déployer un dispositif de suivi pour récolter des données sur l'espèce à l'échelle locale. En deux mois, plusieurs indices de présence de grands canidés ont été recueillis.
On ne peut pas encore dire que le loup va s'implanter dans la Manche. Mais un ou plusieurs individus de l'espèce ont sûrement passé l'été dans le département à en croire les résultats obtenus par l'Office français de la biodiversité (OFB).
Des indices pour la présence du loup dans la Manche
Après l'observation d'un loup à Saint-Côme-du-Mont (Manche) fin juillet, l'établissement a rapidement déployé des caméras pièges dans trois communes de la Manche pour tenter d'obtenir de nouvelles données sur l'animal et établir un suivi local.
"Aucune photo ou vidéo n'a été enregistrée" durant l'été indique la préfecture de la Manche. Mais d'autres indices de présence de grand canidé ont été collectés dans le département par les correspondants du "réseau loup", structure pilotée par l'OFB et la direction départementale des territoires (DDT).
Des empreintes isolées ont été retrouvées. Des déjections ont été observées début août à Saint-Côme et le 18 septembre à Saint-Sauveur-le-Vicompte sur deux sites où des moutons ont été blessés ou tués.
Préfecture de la Manche
Des individus en dispersion
Les indices de présence récoltés dans le département laissent à penser à un ou des individus solitaires en dispersion. En quête de nouveaux territoires, les loups peuvent séjourner plusieurs mois dans un secteur avant de le quitter. "Les signalements de loups dans une région entre mars et novembre ne signifient pas qu’une meute est installée" souligne l'OFB de la Manche.
Même si le suivi est moins intensif que dans les secteurs de présence régulière de l'espèce (Pyrénées et sud-est de la France), l'étude de la population de loup se poursuit dans la Manche.
"Depuis fin juillet 2023, sept prédations sur des moutons ont été recensées dans le centre Manche et pour lesquelles l'intervention du loup n'est pas exclue" note la préfecture, dans un contexte où l'animal est au cœur des débats.
Pour rappel, une procédure d’indemnisation des dommages a été déployée en Seine-Maritime, dans l'Eure, le Calvados et récemment dans la Manche. Les agents de ces départements sont donc amenés à réaliser des constats de dommages sur proies domestiques.
Un plan loup décrié de toute part
Le prédateur est dans le viseur des éleveurs qui dénoncent une augmentation des attaques sur les troupeaux à l'échelle nationale : en 2022, ils déploraient 12 000 attaques de bêtes.
Le sujet était au cœur du plan national d'actions 2024-2029 sur le loup et les activités d'élevage, présenté mi-septembre à Lyon.
Le PNA 2024-2029 propose quatre points grands points : une nouvelle méthode d'évaluation de la population du loup (estimée à 1104 individus en 2023), l'évolution du statut du loup au niveau européen (aujourd'hui l'espèce est classée strictement protégée) pour augmenter le taux de prélèvement annuel, une simplification des procédures de tirs de défense des troupeaux tout en utilisant des lunettes thermiques et une indemnisation plus rapide des éleveurs après les attaques.
Ces nouvelles mesures ont été très mal accueillies par les protecteurs du loup qui ne se sentent pas écoutés et dénoncent "un plan où tout est fait pour tuer plus de loups".
Même mécontentement du côté des éleveurs. La Confédération paysanne a déploré un "décalage béant entre ces annonces et les attentes et besoins des éleveur·euses face à la prédation".