Quinze pré-retraités d'Orano la Hague (Manche) en congés de fin de carrière, mais pas encore officiellement retraités, ont reçu un courrier leur proposant, notamment, de reprendre le travail.
Ils pensaient avoir fini leur carrière, mais quinze salariés d’Orano La Hague, dans la Manche, ont été rattrapés par la réforme des retraites, qui doit entrer en vigueur au 1er septembre prochain.
Et c'est en ouvrant leur boîte aux lettres qu'ils tombent de haut. Tous ont reçu un courrier, ces dernières semaines, leur indiquant qu'ils n'auraient finalement pas les annuités suffisantes à la fin de leur congès. Ces jeunes retraités sont en fait dans une situation bien particulière. Grâce à leur compte épargne temps, ils ont pu anticipé leur départ mais avec la nouvelle réforme des retraites, ils ne sont plus dans les clous en terme de cotisation. "Je trouve ça inadmissible" lance Arnaud Lemaître, secrétaire du syndicat SUD à Orano La Hague.
Trois solutions proposées
Dans ce courrier, la direction du groupe nucléaire français leur propose trois solutions pour régulariser leur situation : lisser leur rémunération sur le temps, prendre un congé sans solde ou bien revenir travailler pour l'accession à leur retraite à taux plein.
"En envoyant ces courriers, on a voulu anticiper pour gérer au mieux. Les situations individuelles qui pouvaient présenter des difficultés ont été ciblées" explique Sylvain Renouf, adjoint à la communication d'Orano La Hague. L'entreprise voulait informer au plus tôt ces salariés :
"Ces pré-retraités bénéficient d’un dispositif de fin de carrière mais la réforme est passée par là et donc on veut les accompagner. Des entretiens seront organisés pour traiter chaque situation"
Sylvain RenoufAdjoint à la communication d'Orano La Hague
L'entreprise a mis en place, depuis 10 ans, une projection conventionnelle, en fonction de l’âge et l'ancienneté des salariés, pour faire face à une éventuelle réforme des retraites. "J'ai des collègues qui ont fait deux ans de plus, ils ne sont donc pas concernés" précise Arnaud Lemaître.
Mais certains salariés n'ont pas bénéficier de ce dispositif. Au total, 15 salariés ne sont plus à jour de la totalité de leur cotisation, sur les 400 personnes qui sont en pré-retraites chez Orano La Hague. S'ils acceptent un congé sans solde ou de lisser leur rémunération, ils vont "perdre de l'argent", selon Arnaud Lemaître. Et concernant leur éventuel retour au travail, le syndicaliste SUD s'offusque:
Un grand groupe comme Orano peut quand même financer les trimestres en moins sans faire revenir ces salariés ! Où est-ce qu’on va les faire revenir ? Ce sont des personnes qui ont été remplacées dans leur service respectif"
Arnaud LemaîtreSecrétaire du syndicat SUD d'Orano La Hague
En effet, le syndicaliste nous explique que ces pré-retraités sont partis depuis quelques mois : "S'ils n'ont pas travaillé depuis un moment, leur formation n'est plus valide. Vous imaginez ? Ils vont revenir cinq, six mois en entreprise alors qu'une formation, pour se mettre à jour, est de huit mois".
« Décalage de deux trimestres en moyenne »
Ces seize employés du site de La Hague sont nés après 1961. Ils ont reçu un courrier d’Orano les informant qu’ils sont concernés par le recul de l’âge de départ en retraite. En congé sur leur compte épargne temps, ces salariés n’avaient pas encore liquidé leurs droits. Si tel avait été le cas, ils n’auraient plus été liés un par contrat de travail à Orano, qui n’aurait pas pu leur demander de revenir.
En revanche, ces personnes avaient bien pris leur disposition en vue de leur départ et n’étaient déjà plus en poste. "Pour ces salariés, on parle d'un décalage de deux trimestres en moyenne, on voulait les alerter" précise Sylvain Renouf.
De leur côté, les syndicats parlent d'un manque de concertation. Ils veulent se battre et négocier avec la direction pour éviter à ces salariés de revenir travailler ou perdre de l'argent. Les deux parties doivent se rencontrer prochainement pour trouver comment accompagner au mieux les personnes concernées.