Le candidat à la présidentielle de l'extrême droite, Eric Zemmour, était en Normandie ce samedi. Il a tout d'abord fait une halte à Port-En-Bessin avant de rejoindre le Mont-Saint-Michel pour un meeting au pied de la Merveille, une étape calculée devant "ce château de fée planté dans la mer (...) symbole de la puissance des vieilles nations pérennes." Son discours a dévoilé ses ambitions militaires et géopolitiques.
C'est dans un champ balayé par les vents, au pied du mont Saint-Michel et de la départementale D275, qu'Éric Zemmour s'est adressé aux Français, depuis la Normandie, ce samedi 19 Février 2022.
Ce discours programmé vers midi a été diffusé sur son compte certifié YouTube et a réuni plus de 23 000 personnes à son plus haut niveau, pour 6600 "like" au même moment. Au pied de la scène un petit public avait fait le déplacement, peut-être un peu plus d'un millier de personnes.
Certain de sa marche sur l'Elysée, porté par les sondages, Eric Zemmour s'est montré exalté. Les bras levés, comme s'il avait déjà gagné à 50 jours de la présidentielle.
La mise en scène a été savamment orchestrée devant ce qu'il a
appelé le "rocher le plus célèbre de France", "haut-lieu de notre mémoire nationale".
Eric Zemmour a multiplié les références aux valeurs chrétiennes de la France et fait une longue digression sur Saint-Michel, "ange supérieur et ange militaire", pour dire que les nations avaient "elles aussi un combat spirituel à mener" pour défendre leur "âme", leur "identité" et leur "indépendance".
"En 2017, la France a élu le néant et elle est tombée dedans", a-t-il lancé sous les clameurs de son public criant "Zemmour président".
"Saint-Michel est le chef de l’armée céleste. C’est-à-dire : l’ange qui dirige l’armée des anges contre celle des démons, dans le combat éternel que se livrent le Bien et le Mal depuis des millénaires."
"Je crois que les nations ont, elles aussi, un combat spirituel à mener. Chaque pays doit en effet défendre son âme, son identité, son indépendance. Alors, vous comprenez le choix de Saint-Michel pour vous parler de la défense de notre pays !"
Les attaques envers l'actuel Président, Emmanuel Macron se sont multipliées. Et les références au gaullisme se sont enchaînées.
L’Europe est un fantôme sur le plan militaire, l’Amérique de Donald Trump a eu l’intelligence de se replier sur ses bases au lieu de gesticuler aux quatre coins du monde.
Eric Zemmour au Mont-Saint-Michel
En terre conquise, près des pêcheurs ?
L'ex-polémiste avait commencé sa journée normande par un rendez-vous matinal avec des pêcheurs de Port-en-Bessin pour évoquer l'impact du Brexit, les difficultés administratives et les éoliennes qu'il juge "laides" et "inutiles", sur terre comme
au large.
En redescendant d'un bateau baptisé "Le grand Charles", le candidat a dit aux pêcheurs qu'ils étaient coincés entre "les verts des gauchistes extrémistes" et le gouvernement "technocratique". "Il faut défendre vos moyens de subsister mais
aussi un art de vivre. C'est une question de civilisation", a-t-il ajouté.
Sur le quai, l'ancien élu FN de Bayeux, Serge Michelini, en est persuadé: "Si Monsieur Zemmour n'est pas élu, il n y a plus de France."
Dans le public des militants convaincu. Parmi eux, Gérard Auzou, retraité et militant Reconquête, il estime que la "supériorité" d'Éric Zemmour vient du fait qu'il n'est "pas du sérail", contrairement aux autres candidats qui "sont usés jusqu'à la corde".
Sa nouvelle recrue l'eurodéputé issu du RN : Nicolas Bay
Si on élève le débat au-dessus des partis. Si on fait le choix de la patrie, celui de la France, il faut se rassembler
Nicolas Bay à France 3 Normandie pour expliquer son ralliement à Reconquête
On a peu de souvenirs d'un Nicolas Bay aussi hilare, souriant et convaincu. Le contraste avec l'image du jeune politique en apprentissage qu'il nous a souvent laissé voir est frappante.
A 45 ans, il rayonne malgré son éviction 48 heures plus tôt du parti de sa jeunesse. Nicolas Bay est entré au Front National à l'âge de 15 ans, a suivi Bruno Megret à la fin des années 90 avant de revenir aux côté de Marine Le Pen. Elu en Normandie, à la Région , depuis les années 2010, il est aujourd'hui, également, député au Parlement européen. Changer d'étiquette ne semble pas le troubler. Il s'est jeté dans les bras d'Eric Zemmour lors de son arrivée à Port-en-Bessin. " Bienvenue en Normandie", lui a t-il lancé. "Bienvenue", lui a retorqué (tweet ci-dessous) celui qui lui fait une grande place dans son mouvement politique Reconquête, en lui offrant le poste de vice-Président exécutif. Certains diront le poste de numéro deux.
En patron sur ses terres, bien que Normand d'adoption (Nicolas Bay est né en région parisienne et ne passe que peu de temps en Normandie du côté de Dieppe, trop occupé entre Paris et Strasbourg), Nicolas Bay s'est amusé à jouer le rôle de chauffeur de salle au meeting du Mont-Saint-Michel. Le sourire jusqu'aux oreilles, il est même monté sur scène sur la musique de James Bond pour répondre aux accusations d'espionnage de Marine Le Pen.
Nicolas Bay a parlé de son "émotion" en ce "premier jour d'une nouvelle vie politique" et assuré d'emblée qu'on "ne remplace pas les Français" car "les "Français sont irremplaçables". Accueilli par un millier de sympathisants agitant des drapeaux tricolores, bretons ou normands, il a vu dans le mont Saint-Michel le "symbole de la France éternelle qui ne veut pas mourir", alors qu'elle est "menacée par l'immigration
de masse, l'islam politique", mais aussi "l'État tentaculaire, bureaucratique et
spoliateur".
L'ancien ministre et député vendéen, Philippe de Villiers, était aussi aux côtés d'Eric Zemmour dans ce déplacement en Normandie. La veille, il se félicitait sur les réseaux sociaux de voir son candidat dépasser Marine Le Pen dans les sondages, au second tour.