Il veut créer le buzz sur les réseaux sociaux et remonter l'injustice qu'il vit jusqu'à Jean-Michel Blanquer. Depuis janvier 2022, sa fille de 13 ans est déscolarisée après avoir vécu l'enfer du harcèlement scolaire. D'après lui, les auteurs n'ont reçu que deux heures de colle. "Faut que ça bouge, il y a trop de gosses en souffrance."
"On me l'a cassée de l'intérieur et je ne sais pas combien de temps ça va prendre pour la reconstruire. Les harceleurs eux vont bien, mangent bien. Ma fille, non." Jacques Purenne est dans une colère froide, celle qui nous submerge quand la vie bascule.
Sa fille vit l'enfer dans son collège et n'est même plus en capacité d'être scolarisée depuis le mois de janvier 2022. En novembre 2021, Erina a tenté de se suicider en avalant une surdose de médicaments. Depuis des mois, elle subissait humiliations sur les réseaux sociaux, était battue et poussée dans le collège sans rien dire.
Un premier geste malheureux qui sonne l'alarme pour sa famille qui n'avait rien deviné auparavant, tant elle a tout gardé pour elle, jusqu'à craquer.
Depuis séances de psy, hospitalisations et prise en charge sont organisées autour d'elle pour qu'elle tourne la page. Mais Erine a retourné beaucoup de choses contre elle et ne parvient pas encore à surmonter ses angoisses : elle se scarifie et a tenté une deuxième fois d'en finir.
Depuis la rentrée de janvier, elle ne va plus à l'école. Les auteurs du mal, eux, sont toujours scolarisés dans le collège. Trois mois sans école, en plus de la souffrance ? Une situation qui pose question. Qui doit payer : la victime?
En finir avec le harcèlement à l'école
C'est une injustice qui hante son papa désarmé. Ce qu'il veut ? En finir avec le harcèlement. Pour sa fille et tous les autres enfants qui souffrent en silence.
Devant l'immobilisme des institutions, il a décidé de "faire bouger les choses et de réunir un maximum de parents concernés."
Il publie depuis plusieurs semaines des vidéos cris du cœur sur les réseaux sociaux pour faire connaître l'enfer qu'a vécu sa fille dans son petit collège de la Manche, à Saint-Sauveur le Vicomte. "Va falloir se bouger si vous voulez que ça change parce qu'il y a vraiment trop de choses pas jolies jolies qui se passent dans les établissements scolaires." Erine se scarifie et a déjà tenté deux fois de mettre fin à ses jours depuis trois mois. Dans l'indifférence? Le papa raconte dans ses vidéos l'impunité qui le consterne pour les auteurs et la situation qui s'est retournée contre lui. "Maintenant j'ai l'Aide sociale à l'Enfance qui vient mettre le nez chez moi comme si c'était moi qui m'occupe mal de ma fille." Un monde à l'envers qu'il voudrait remettre droit. C'est, en effet, l'établissement scolaire qui a fait un signalement. Il n'arrive pas à comprendre pourquoi, là non plus.
Les directeurs d'école, de collège de lycée, va falloir se bouger pour prendre des sanctions contre les harceleurs ! Ma fille ne va plus à l'école depuis trois mois, les auteurs, si.
Jacques Purenne, papa en colère
"Voilà trois mois qu'elle se lève avec la boule au ventre d'aller au collège" dit la chanson. "Je te donne des conseils pas rater ta prochaine TS" : les mots violents (ci-dessous) qu'Erine recevait sur les réseaux sociaux.
La grande sœur d'Erine, 27 ans, a publié (ci-dessus) sur les réseaux sociaux des extraits affligeants. Les mots reçus par sa sœur pendant des mois parlent d'eux-mêmes : "tu mérites de crever".
Et pourquoi on n'en parle pas pendant cette campagne électorale ?
Depuis ses premières vidéos, mises en ligne début mars, Jacques, le papa, a reçu des dizaines de témoignages similaires. Des enfants qui vivent le même calvaire, il y en a plein. Une réalité qui le révolte. Quand est-ce que la peur va changer de camp? C'est sa question.
Il interpelle pour cela le gouvernement, le ministre Blanquer et les candidats à la présidentielle. "On va continuer de parler du Covid et de l'Ukraine encore longtemps?", regrette t-il alors qu'à deux semaine d'un rendez-vous électoral important, la présidentielle, aucun débat de société n'est franchement mis sur la table en dehors du pouvoir d'achat.
J'ai des témoignages de parents sur des histoires qui se sont passées il y a trois ou quatre ans et les harceleurs n'ont pas changé d'établissement. Chaque année, ils recommencent. Pourquoi ce serait à nous de partir?
Jacques Purenne, papa en colère
Pour sa fille, il tente de rester calme mais il fatigue d'attendre. Trois mois sans collège ? Depuis, son action sur les réseaux sociaux, "les choses commencent à bouger", raconte t-il. Mais Erine n'est toujours pas retournée en classe. Elle avait une moyenne générale correcte, elle a donc perdu beaucoup de temps et une assurance en elle qui peine à revenir. Aujourd'hui Erine vit prostrée.
Les tapes dans le dos, les étranglements dans le couloir. Autant d'agressions qui ont de quoi rendre une enfant agoraphobe. "Et tout ça ne vaut que deux heures de colle?", interroge en boucle le papa. Au collège, on ne répond pas. C'est le rectorat qui doit gérer. "Je salue le travail des équipes pédagogiques qui mettent tout en œuvre pour qu'Erine retrouve le chemin du collège", affirme Sandrine Bodin, l'inspectrice académique de la Manche qui souhaite que cette mise à l'écart de l'école ne dure pas plus longtemps. Une enquête a été menée en interne, chacun essaie d'apprendre de ses erreurs et c'est tout une équipe pédagogique qui est aujourd'hui chamboulée dans ce petit établissement rural.
Erine remercie dans ses vidéos, timidement, tous les gens qui l'écoutent et qui répondent à son père. Savoir qu'elle n'est pas seule est un soulagement.