Expérience spatiale dans le désert : une Normande en tenue de cosmonaute comme sur la planète Mars

Depuis un mois, Lise Lefauconnier participe avec six autres étudiants à la mission Mars 293, dans le désert américain. Toutes leurs aventures sont racontées jour après jour sur la toile, avec des photos aussi insolites que grandioses.

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"Nous n'avions aucune idée de ce qui nous attendait. Le jeu a consisté en une gigantesque chasse au trésor, dans tous les modules de la station. Notre mascotte avait disparu, et il était du devoir de l'équipage de la retrouver pour la sauver." 

Ne vous y trompez pas, ces jeunes ne sont pas là pour s'amuser. Ils sont en mission, et cette épreuve ludique du 21ᵉ jour, préparée par leur agente santé-sécurité, était destiné à renforcer leurs liens. En plein désert, coupés du monde pendant un mois, sept étudiants ingénieurs (institut supérieur aéronautique et spatial ISAE-SUPAERO à Toulouse) doivent partager une petite station d'à peine 10 mètres de diamètre, à la fois maison et lieu de travail. Et chaque sortie ne peut se faire qu'en combinaison complète de cosmonaute.

L'entente est donc capitale. Et c'est une Manchoise, Lise Lefauconnier, qui est chargée de veiller sur place au bien-être de ses compagnons.

Jusqu'au 16 mars, ils vivent une expérience extraordinaire. Astronome, scientifique, botaniste, journaliste, agent de santé et ingénieur de bord, leurs rôles respectifs sont bien définis pour faire l’expérience de la vie sur Mars, et découvrir la vie sur la planète rouge dans une base d'astronautes, la MDRS (Mars Desert Research Station).

"Ce n'est pas un entraînement à devenir astronaute. On y va pour découvrir le côté scientifique, pour la recherche spatiale, par exemple des expériences sur des aérosols et le champ électrique. Et beaucoup d’instruments vont permettre de récupérer des informations physiologiques (montre connectée, tensiomètre, impédancemètre)", nous confiait Lise Lefauconnier avant son départ.

Depuis, tous les jours, ils rendent compte de leurs expériences et leurs observations. Voici le résumé de leurs deux premières semaines en vidéo.

durée de la vidéo : 00h01mn55s
voici un aperçu des deux premières semaines dans et autour de la station de recherche Mars, dans le désert de l'Utah ©Club Mars ISAE-Supaero

Chutes de neige et économie d'énergie

Sur Mars, la moyenne de température est d'environ -63°C, avec des variations très importantes entre l'hiver (jusqu'à -140°C) et l'été (+27°C).

Nos jeunes aventuriers se savaient à l'abri de ça, mais ils n'imaginaient peut-être pas découvrir un désert de l'Utah tout blanc au réveil...  Une jolie surprise pour les yeux, mais une mauvaise pour leurs équipements électriques. Il a fallu s'adapter pour mieux protéger les batteries.

Nous avons aussi eu l'occasion de faire un point sur notre consommation en ressources depuis le début de la mission ; nous sommes fiers de n'avoir utilisé que 5 litres par jour et par personne. ⛲ Cela nous fait réaliser à quel point sur Terre notre consommation est démesurée !

Club Mars ISAE-Supaero

Contrôler leur consommation d'électricité, mais aussi d'eau, est primordiale pour les sept jeunes apprentis astronautes : pour travailler, cuisiner, faire le ménage, mais aussi se laver. Les 4 filles de l'équipage, dont Lise, ont ainsi réussi à se laver les cheveux en n'utilisant ensemble que 9 litres d'eau.

Expériences et datas

Dans cette station, tout est matière à expérience.

  • Une serre pour voir si, comme dans le film "Seul sur Mars", il est possible de planter et faire pousser des légumes dans la terre martienne.
  • Les repas lyophilisés ou préparés sur place avec des produits frais : le "merveilleux gratin de pâtes aux légumes et à la béchamel" a visiblement eu un impact très positif sur le moral des membres de l'équipage.
  • Les séances de sport, préparées par notre Manchoise.
  • Le sommeil et la perception du temps.
  • L'exploration du désert, pour tester notamment des cartes 3D créés sur place...

Si Lisa multiplie les datas pour prendre et stocker des informations sur tout ce qui est possible (environnement ou équipage), cela ne l'a pas empêché de s'aventurer dehors également, avec sa tenue de cosmonaute et le petit véhicule. Tout pour se forger de merveilleux souvenirs, avant de revenir.

La première sensation à la fin de l'expérience est tout simplement de pouvoir respirer. Prendre une bouffée d'air pur, c'est le bonheur absolu.

Stéphanie Lizy-Destrez

Enseignante-chercheuse à l'ISAE-Supaero, en conception des systèmes spatiaux

Après un mois dans leur monde, la fin est toute proche. "La première sensation à la fin de l'expérience est généralement tout simplement de pouvoir respirer. Prendre une bouffée d'air pur, c'est le bonheur absolu", assure Stéphanie Lizy-Destrez, en charge de l'équipe.

L'enseignante-chercheuse n'a pas eu de nouvelles de ses protégés, ce qui est bon signe. "Certaines années, il y a eu des blessés, des tempêtes qui bloquaient tout le monde dans la station. Là, juste quelques soucis, avec des moisissures sur les légumes qu'ils font pousser, ou des instruments de mesure à réparer. Ça fait partie de leur travail, ils s'adaptent. En tant qu'ingénieurs, ces élèves doivent être capables de résoudre ces problèmes." 

Un avenir en question

Que faire en sortant d'une telle expérience ? "D'abord, la tradition pour l'équipage, c'est d'aller dans le restaurant de burger le plus proche", s'amuse l'enseignante-chercheuse. Et après quelques jours de road-trip bien mérités, tous vont revenir à leur quotidien fait de stages et de cours.

"C'est très exigeant, physiquement et psychologiquement comme mission, ils ressortent de là fatigués." Mais ce qui est le plus frappant pour leur responsable, c'est leur changement.

Ils évoluent très vite. Il y a un avant et un après. Sur place, ils ont pu réfléchir à plein de choses, sur leur avenir à eux, sur l'exploration spatiale ou le changement climatique.

Stéphanie Lizy-Destrez

Ces élèves sont en pleine construction, et devront choisir sur leur 4ᵉ année d'ingénieur leur spécialité. "Beaucoup, en commençant cette école, se voient plus tard travailler dans l'exploration spatiale. Mais certains, après cette expérience, se passionnent pour le changement climatique, l'énergie ou l'aéronautique."

Pour connaitre l'avenir de notre Normande Lise Lefauconnier, il faudra donc patienter. Même ses parents à Carentan n'ont pas encore eu de nouvelles d'elle. Par contre, un message vidéo personnel d'encouragement lui a été transmis, en plein désert, par l'astronaute de réserve Arnaud Prost. On imagine que c'est le genre de surprise qui donne le sourire.

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