Dans la guerre qui oppose la France au Royaume-Uni sur les licences de pêche, la coupure du courant sur l'île de Jersey fait figure d'arme de destruction massive. Ce vendredi matin, Paris tempère sa menace mais affirme rester ferme sur ses revendications.
C'est une menace qui a été brandie dès le printemps dernier par la ministre de la mer, Annick Girardin, et qui a recontré un écho favorable chez les pêcheurs normands et bretons, en attente de licence pour pêcher dans les aux de l'île anglo-normande. Ils avaient d'ailleurs choisi de manifester quelques jours avant la date butoir sur la plage de Pirou d'où part l'un des trois cables sous-marins alimentant Jersey en électricité. "Jersey porte atteinte aux intérêts économique français en foutant les pêcheurs normands et bretons dehors. Très clairement ce qu'il faut c'est que la France réponde, mette des mesures de rétorsion si on n'arrive pas à retrouver nos droits de pêche", lançait alors l'un d'entre eux.
"C'est totalement disproportionné", s'insurgeait récemment le ministre jersiais des affaires étrangères Ian Gorst sur l'antenne d'un média britannique, "Est-ce juste de couper le courant à l'hôpital de Jersey ou aux écoles de l'île parce que des navires ne sont pas en mesure nous fournir les documents demandés ?" Ce jeudi, les autorités jersiaises ont répondu aux questions des journalistes français et britanniques lors d'une conférence de presse pour plaider leur bonne foi dans ce dossier qui envenime les relationsde part et d'autres de la Manche. "Nous ne savons pas où se trouve le blocage, si ces données sont à Paris, à Bruxelles ou à Londres, mais en tout cas, nous sommes prêts à les recevoir."
"Les Britanniques ont besoin de nous"
Rétropédalage ou changement de braquet ? "Couper le courant à chaque habitant de Jersey qui va se chauffer cet hiver ça n'arrivera pas et je ne le souhaite pas", a déclaré ce vendredi matin au micro de Jean-Jacques Bourdin sur BMF/RMC Clément Beaune, le secrétaire d'Etat français aux Affaires, tout en rappelant que l'accord négocié par Michel Barnier couvrait notamment l'exportation d'énergie. "On peut réguler les flux. Réduire la livraison, c'est possible", a précisé Clément Beaune, "Les Britanniques ont besoin de nous pour vendre leurs produits de la mer, pour l'énergie, pour leurs services financiers, pour leurs centres de recherche. S'ils ne respectent pas leur part, nous ne ferons pas à 100% notre part."
Selon le secrétaire d'état aux affaires européennes, la France a demandé "pour toutes les régions de France et tous les pêcheurs français" plus de 450 licences de pêche (169 demandes sur Jersey et 64 honorées). Aujourd'hui seules 275 ont été accordées. "On tiendra bon sur les 450", a promis Clément Beaune.