Les Gilets jaunes de Saint-Lô dans la Manche ont retrouvé, ce samedi 18novembre 2023, leur rond-point historique, celui de la Maison du département. Ils célèbrent le cinquième anniversaire de cet élan de contestation lancé en 2018.
Cinq ans après le lancement de ce mouvement de contestation, les Gilets jaunes de Saint-Lô, dans la Manche, se donnent rendez-vous là où tout a commencé. Sur le rond-point de la Maison du département, des pancartes et palettes sont installées : "On va refaire une cabane" lance sur le ton de l'humour Thierry.
Le retraité est Gilet jaune depuis 5 ans. Pour lui, le mouvement est toujours là : "Vous savez, le mouvement est en sommeil. Il est dans l'attente d'une réaction de la société. Le pauvre est de plus en plus pauvre, c'est une réalité" ajoute ce dernier. "Nos revendications sont bien là. Il y a de plus en plus de pauvres. Une misère s'est installée. Nous, on observe, on dérouille, on paie, ce n’est pas normal, ça me met en colère" nous confie Jacques.
Une vingtaine de Gilets Jaunes présents
Les années passent et ici les Gilets jaunes sont toujours aussi remontés. Pourtant, en cette matinée d'anniversaire, on ne compte qu'une vingtaine de personnes sur le giratoire. Bien loin des mobilisations qui rassemblaient, parfois, des centaines de contestataires.
Un mouvement inédit qui a duré des mois. Et laisse un goût amer à certains leaders de la première heure : "Notre mouvement touchait les plus démunis, ceux pour qui le prix du carburant empêchait les citoyens de vivre. En zone rurale nous avons besoin de nos voitures. Et là ça continue, la société française va trop mal" explique Thierry. De son côté Jacques, ajoute : "On voit que la situation continue de se dégrader depuis les opérations sur le carburant qu'on avait fait au tout début. C'est encore pire maintenant". Pour Laurent : "Total, avec leur carburant plafonné à 1,99 euros, ils sont sympathiques, mais en réalité ils se gavent".
"À Saint-Lô, on a jamais eu de problème, ni avec la population, ni avec la police"
Que ce soit à l'échelle de la Normandie ou de la France, les marées jaunes se font rares. "La politique répressive de Macron a fait que les gens sont partis. Ils ont peur des conséquences, des amendes qu'ils ont pris pour une voiture mal garée alors que ce n’est déjà pas facile pour eux financièrement" selon Laurent. Jean-Luc lui précise que : "Les gens ont aussi cette peur du lendemain. Ils sont fatalistes et craignent d'être mal vus. Certains nous prennent pour des casseurs, mais ici, à Saint-Lô, on a jamais eu de problème, ni avec la population, ni avec la police".
Toujours de l'espoir
Pour Laurent, il faut continuer à revendiquer : "Ce qu'on appelle la prime Macron (ou prime de pouvoir d'achat), c'est la prime Gilets jaunes en réalité, donc quelque part on a quand même fait avancer les choses" selon ce dernier.
"Mais faut que ça bouge. Les 49.3 à répétition du gouvernement, le refus d'un Référendum d'Initiative Citoyenne (RIC), il faut que ça s'arrête. Ça donne une impression de totalitarisme! C'est dommage qu'on soit dans une société où il y a beaucoup de chacun pour soi. S'il y avait un vrai collectif, ça changerait les choses".
L'espoir de revoir ce mouvement en masse est là pour ces quelques Gilets jaunes de la première heure. "On ne baissera jamais les bras, on est là" nous dit Thierry. "Beaucoup sont Gilets jaunes dans l'âme" selon Laurent. "Il suffira d'une étincelle pour que ça reprenne" finira-t-il par conclure.