Les dirigeants des Maîtres Laîtiers du Cotentin se sont expliqués ce mercredi 19 septembre 2018 devant la presse. Depuis l'annonce de la rupture du contrat avec le chinois Synutra, On s'interroge sur l'avenir du site de Méautis et sa centaine de salariés. Mais l'optimisme est requis.
Alors quelques semaines après l'annonce de la rupture du contrat avec la Chine où Méautis et ses 35 000 M2 de bâtiments construits pour
ce contrat ?
9,5 millions d'euros provisionnés
"Par prudence nous avons provisionné presque l'équivalent" des sommes dues par Synutra pour avoir commandé moins de lait que prévu par le contrat à MLC sur l'exercice 2017/2018 clos le 31 mars, a indiqué Guillaume Fortin, directeur général de la coopérative Maîtres laitiers et du réseau France frais, filiales de MLC.Et à la clôture des comptes, fin Mars 2018 : MLC a annoncé une baisse de plus de 51% de son résultat net à 1,3 million, pour un chiffre d'affaires de 1,97 milliard d'euros (+4,6%).
"Ils devaient achetés 120 containers par semaine, ils n'ont jamais dépassé les 80 ", explique aujourd'hui Christiphe Levavasseur, président du groupe.
Le groupe Chinois Synutra avait signé un contrat très encadré qui prévoyait 690 millions de briquettes de lait infantile pour le marché Chinois par an, soit 90 millions de litre de lait rien que pour ce marché. Et ce pour 11 années, selon les termes établis.
Mais en août dernier, le groupe chinois a choisi de dénoncer ce contrat unilatéralement alors que les livraisons de lait infantiles avaient cessé, fin juillet.
Un dépôt douteux ?
Depuis le mois d'avril, le groupe laitier normand avait été averti par son partenaire Chinois de trace de dépôt dans les briquettes.Une situation qui a inquiété les normands. Ces derniers ont donc décidé d'envoyer sur place leurs experts.
Drôle de surprise en Chine quand ils ont constaté que les containers de briquettes étaient restés plusieurs mois entreposés sans être écoulés. D'où les soucis de dépôt? Et quid des dates de péremption ?
Depuis le début de l’accord "le partenaire Chinois n a jamais respecté les objectifs", explique t-on du côté des Maîtres Laitiers du Cotentin.
Les Maîtres Laitiers qui devaient livrer 120 containers de briquettes de lait par semaine en Chine, n'ont, au bout du compte, jamais dépassé les 80 containers. "Avant de rompre le contrat, ils étaient même descendus à 15 containers par semaine."
Deux procédures en cours
MLC a engagé une procédure devant le tribunal de commerce de Brest pour obtenir paiement de cette facture par Synutra France, basé à Carhaix (Finistère). Des saisies y ont eu lieu dans le cadre de cette procédure, selon MLC.Par ailleurs, "il reste des encours avec Synutra qui concerne des factures de marchandises", dont s'occupe l'assureur-crédit de MLC, a ajouté Jean-François Fortin, refusant de donner des montants. "Manifestement MLC n'est pas le seul créancier", a-t-il ajouté.
Pour écouler les presque 50 millions de litres de lait hérités de la rupture du contrat Chinois en août, MLC compte sur son réseau de distribution France Frais.
"Le lait UHT ne se vend pas. S'il n'y a pas de client, France Frais ne pourra pas écouler", a estimé toutefois Franck Lesoeur, syndicaliste FO de MLC interrogé par l'AFP.
Le groupe qui affiche 190 millions d'euros de fonds propres avait investi 114 millions d'euros dans une usine ouverte en juin 2017 à Méautis (Manche) dans le cadre du contrat Chinois. Environ 35 personnes travaillent aujourd'hui
dans cette usine, à la production de produits AOP hors contrat Chinois.
Une centaine d'autres, qui travaillaient pour le contrat Chinois, a été réaffectée sur les autres sites du groupe, selon M. Fortin. Méautis devait être consacré à 40% à Synutra,
à un tiers à l'AOP et le reste à "un développement potentiel".
De nouveaux clients seraient en perspectives.
Et chez MLC personne ne regrette d'avoir miser sur l'export.
Le reportage sur cette conférence de presse, de Jean-Yves Gélébart et Carole Lefrançois
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