La fonderie Cornille Havard est l’une des deux seules fonderies de France, et l’on y fabrique des cloches depuis 1865. La petite dernière, tout juste sortie du moule, est baptisée Julie en l’honneur d’une abbesse qui dirigeait l’abbaye royale de Fontevraud.
Julie est la petite dernière. Enfin, avec une tonne sur la balance, cette cloche fait plutôt partie des beaux gabarits nés à la fonderie Cornille Havard. Toute de bronze vêtue, c’est la cinquième cloche fabriquée par les artisans.
Toujours un événement
Au total, elles seront six à rejoindre le beffroi d’un site religieux du Maine-et-Loire : l’abbaye royale de Fontevraud.
La naissance d’une cloche est un toujours un événement dans l’atelier artisanal du sud Manche. Le prénom Julie évoque Julie d'Antin, dernière abbesse de ce lieu qui s'est retrouvé privé de ses cloches pendant la révolution.
Du bronze, de l'argile et... des poils de chèvre
Pour mener à terme une telle cloche, les étapes sont nombreuses et passent par la fabrication de moules. Dont un qui nécessite un mélange d’argile, de crottin de cheval et de poils de chèvre.
Julie, c'est un mélange de brutalité et de finesse.
Vincent Olinet, artiste chargé de décorer Julie
Le bronze qui constitue la cloche a quant à lui été coulé à 1 200°c. Quant au four dont Julie est issue, il affiche plus de 150 ans - il a été construit en 1865. À l’atelier, les savoir-faire sont ancestraux.
Une cloche qui affiche son style
Julie a du style. Pour lui en conférer un unique, Vincent Olinet s’est chargé des décors, "j'ai imaginé un motif dense, foisonnant, joué avec la répétition des motifs, leurs enchevêtrements." Pour l'artiste, Julie, "c'est 1 000 kilos de bronze, pour une note de musique et des guirlandes partout où il était possible d'en ajouter".
Chacune des six cloches destinées à l'abbaye royale de Fontevraud est ainsi unique. Après cette nouvelle naissance, Julie doit encore être sablée, polie et accordée.
L'abbaye attend l'arrivée de toutes les cloches : "le lieu était silencieux, les cloches ont été descendues en 1792 pour faire de la monnaie", précise Emmanuel Morin, le directeur artistique de l'abbaye. "L'idée, c'est de recréer un paysage sonore. L'abbaye est aujourd'hui un centre culturel de rencontre, donc nous activons le patrimoine et l'histoire grâce aux artistes."
Julie ira ensuite rejoindre les cloches qui attendent dans les jardins de l'abbaye, sagement posées au sol. Avant de prendre de la hauteur et de gagner le clocher pour de longues années.