Si l'agneau constitue un incontournable du repas de Pâques, les connaisseurs n'ont d'yeux que pour le pré-salé, plus cher, élevé sur les côtes de la Manche. Pour les producteurs, c'est une période de l'année à ne pas manquer car elle représente près de 15% des ventes annuelles.
Contrairement à ce que pourrait laisser penser l'intitulé de l'AOP (Appellation d'Origine Protégée), les “Prés-Salés du Mont-Saint-Michel” ne paissent pas toujours avec la Merveille en ligne de mire. A moins qu'ils aient une bonne vue. La "Baie" n'est qu'une des six zones de pâturages qui s'étendent jusque dans le Cotentin.
Et contrairement à ce que certains pourraient penser, ce n'est pas le goût de l'agneau qui est salé. Mais plutôt la note. Les jeunes ovins, qui ont pâturé au moins 70 jours dans les herbus du littoral manchois (le cahier des charges complet ici) se vendent en moyenne 30% plus cher que les autres agneaux. Pas de quoi effrayer les connaisseurs. "Même s'il est plus cher, à partir du moment où c'est bon, le consommateur n'a pas peur de mettre un peu d'argent", estime Patrick Hélaine, boucher à Pontorson.
Et les chiffres semblent lui donner raison. Ce sont entre 80 et 100 agneaux qui vont être débités dans sa boutique pendant la période des fêtes. "Il y a toujours une demande parce qu'il est bon", martèle le professionnel, "les gens réservent même un mois, deux mois à l'avance." Même constat chez les éleveurs: la marque "Le Grévin" qui fédère 36 d'entre d'eux a écoulé 630 bêtes en dix jours. Avec un bémol tout de même: "Pâques arrive trop vite cette année. Ce serait trois semaines plus tard, il y aurait plus d'agneaux arrivés", regrette Philippe Farcy.
Reportage d'Hélène Jacques et Joël Hamard
Intervenants:
- Philippe Farcy, éleveur ovin
- Patrick Hélaine, boucher