Les enseignants du lycée Henri-Cornat de Valognes dans la Manche ont décidé de camper et de dormir devant l'établissement dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 février. Tous se mobilisent pour dénoncer la réduction de la dotation horaire globale.

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Camper et dormir devant leur établissement pour crier leur colère. Un groupe de professeur a passé toute la nuit du jeudi 8 à vendredi 9 février 2024 sous des tentes installées dans la cour de récréation devant leur lycée à Valognes, dans la Manche.

Au petit matin, malgré le froid, ces enseignants restent toujours déterminés.

Camper pour marquer les esprits

Le café chaud apporté par leurs collègues revigore les troupes. "À notre résistance", disent-ils avec le sourire tout en trinquant avec leur tasse.

Dormir au pied de leur salle de classe est un acte symbolique car depuis dix jours, les enseignants se mobilisent contre les annonces du gouvernement : "À force d'être inaudibles et invisibles, on avait simplement besoin de se faire entendre et de se faire voir ! Bizarrement, en dormant au lycée, on s'est bien fait voir", nous explique Alexandra Caldine, professeure d'histoire-géographie au lycée Henri-Cornat.

"On veut que nos droits soient respectés, qu'on puisse travailler dans de meilleures conditions et qu'on ne soit pas obligé tous les ans de redemander les mêmes choses", lâche Stéphanie Lecalier, professeure d'anglais au lycée Henri-Cornat.

Dénoncer la baisse des dotations

Vers 7h30, les enseignants décident de mettre en place une salle de classe en pleine rue. Ils déballent des chaises, un tableau et décident de bloquer la circulation pour jouer ce qu’ils appellent l’école "réac".

Dans cette pièce improvisée, chaque professeur endosse son rôle en mettant en avant, à travers la parodie, l'élitisme, le tri social ou les fameux groupes de niveaux annoncés pour les classes de 6e et 5e en mathématiques et français dès la rentrée prochaine : "Allez, les nuls, les faibles à gauche. L'élitisme mettez-vous à droite", peut-on entendre.

Une mise en scène pour dénoncer une école publique malade avec des professeurs démunis. En effet, dans ce lycée, la dotation annuelle s’est amoindrie.

Conséquence des options sont menacées et les classes surchargées : "En 2016, nous avions 1026 heures-postes, et là à la rentrée 2024, on en aura plus que 864. Ça veut dire que ce sera l'équivalent de 160 heures-postes à peu près en moins, ce qui représente 8 ou 9 enseignants en moins. Et tout ça pour le même nombreux d'élèves. C'est inadmissible et ça montre bien que les conditions de travail se dégradent profondément", lance Martine Quesnel, co-secrétaire du FSU50.

Nicole Belloubet, nouvelle ministre de l'Éducation

Les propos d'Amélie Oudéa-Castéra, ex-ministre de l'Éducation, avaient choqué de nombreux professeurs. Les polémiques s'étaient enchaînées depuis sa nomination et ses propos sur l'école publique et ses heures "pas sérieusement remplacées" ne sont pas passés.

Elle était loin de faire l'unanimité auprès de ces derniers. Et la nomination de Nicole Belloubet au ministère de l'éducation nationale ne bouscule pas la détermination des enseignants qui attendent des actions. 

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