Comment conjuguer la santé et la ruralité ? La Normandie est à la pointe en matière de télémédecine... Après la consultation à distance, la salle de rendez-vous, avec une infirmière cette fois. La première d'entre elles vient d'ouvrir à Saint-Georges-de-Rouelley, dans la Manche.
La mine bienveillante, le ton posé, le médecin débute sa consultation. Rassurant. Professionnel. La connexion n'est pas optimale, la voix est grésillante et l'image se brouille par intermittence. Mais la patiente se prête au jeu de la télémédecine.
Cela fait plus d'un an que Madeleine, retraitée de la Manche, attend de faire son bilan de santé. Ce vendredi, elle a enfin décroché un rendez-vous dans un cabinet médical. Sauf que ce jour-là, c'est une infirmière qui l'accueille. Son médecin, lui, est derrière une caméra... à plus de cinquante kilomètres de là.
Avec l'aide de l'infirmière et un stéthoscope connecté, le praticien peut - par exemple - relever le pouls de cette retraitée. Les questions sont précises, la patiente fait un pas à droite, se retourne et respire lorsque son médecin l'exige. Et le geste ? "Il manquera toujours le fait de pouvoir palper le patient, en cas de douleurs abdominales par exemple."
"Il fallait bien quelque chose"
L'exercice a ses limites, mais Madeleine, de son côté, apprécie. "Personne ne voulait me prendre comme médecin traitant, déplore-t-elle. Il fallait bien quelque chose."Faute de mieux, la télé-médecine pourrait-elle être une solution aux déserts médicaux en France ? Le maire de la commune, Raymond Bechet, compte sur le développement de cette salle de consultation. Il voit même un peu plus loin : la ville, via la communauté de communes, vient d'acquérir un bâtiment qui accueillera des salles pour consulter un spécialiste en présence d'une infirmière ou d'un infirmier.
"Nous sommes obligés de nous pencher sur ce dossier-là pour améliorer la santé dans la ruralité, explique l'édile. Je crois que le jour où cela fonctionnera normalement, on pourra être soigné encore mieux qu'ailleurs, du fait de l'accès à un spécialiste".
Le service doit voir le jour dans plusieurs mois. En attendant, on peut consulter un généraliste à distance, deux fois par semaine, sur rendez-vous.