Le procès sur la pièce de théâtre inspirée par la vie des Barclay pourrait faire jurisprudence

Sir Barclay a assigne les auteurs de "Deux frères et un lion" pour diffamation et atteinte à la vie privée. Coproduite par la scène nationale de Cherbourg, cette pièce raconte l'ascension de ces deux milliardaires, qui ont élu domicile au large de la Manche, à Sercq. Délibéré le 2 juillet

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Les frères Barclay, vous connaissez ? Deux frères milliardaires, propriétaires du Ritz à Londres, de journaux comme le Daily Telegraph, 15e fortune du Royaume-Uni, annoblis par la reine en 2000. Qu'ont à voir ces deux discrets et richissismes hommes d'affaires d'origine écossaise avec la Normandie ? 
 

Une première dans l’histoire du spectacle vivant 

C'est parti pour une pièce en plusieurs actes. Le dernier se joue ce lundi 13 mai au tribunal de Caen (Calvados). L'un des deux frères Barclay, David,  demande la censure d'une pièce de théâtre française inspirée de l’histoire de leur vie. Il réclame l’interdiction du texte, de la représentation et 100 000 euros de dommage et intérêt pour le préjudice subi.

Dans l'histoire récente du spectacle vivant, c'est une première. Le jugement du tribunal de Caen pourrait donc faire jurisprudence, en répondant à cette question : "peut-on s’inspirer du réel pour créer ?"

Cette pièce a été écrite et mise en scène par 
Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre avec la participation de la cherbourgeoise Sophie Poirey, maître de conférences en droit normand, à l'université de Caen.

Le compte-rendu d'audience Stéphanie Potay et Mathieu Bellinghen : 

Leur avocat, Olivier Morice : "La pièce est une fable satirique sur le capitalisme. Rien ne peut justifier les accusations d’atteinte au respect de la vie privée et de diffamation.".
  

Les raisins de la colère sur l'île de Sercq


Tout commence au large de la Manche, quand les deux frères achètent Brecqhou, une des îlots de l'archipel anglo-normand de Sercq, en 1993. En 2012, une de nos équipes s'était rendu sur place. Dans ce reportage de France 3 Normandie, on y découvre un chateau kitchissime construit à la hâte. On découvre aussi que l'île principale a été, contre toute attente, recouverte de vignes! L'oenologue en charge de cette ahurissante plantation déclarait alors que "ce qu'il n'avait pas supposé, c'était le climat délétère sur l'île". Tiens, tiens...Les milliardaires disaient aussi vouloir y développer le business, arrachant alors la végétation autochtone et la remplacant par des carrés de pelouses importés, voilà que des hôtels surgissaient. Ephémère apparition! Car ce business s'est surtout révélé être un moyen de pression, un chantage à l'emploi avec les Sercquiais...

 

Reportage en 2012 de Stéphanie Potay  et Sylvain Rouil: 
 
 

Un système féodal de 400 ans aux oubliettes


Sercq est une curiosité juridique, pittoresque presque, le droit normand s'y applique depuis 1656. Un système féodal que les deux frères ont tenté de réformer. En 1993, David et Frederick Barclay, rachètent Breqhou et les Barclay disent vouloir  agir « au nom de la démocratie et contre la dictature médiévale ». Car si le droit normand  ne prévoit pas de droit de succession pour léguer leurs biens à leurs quatre enfants, l’île continue à pratiquer le droit d’aînesse (seul le premier enfant mâle succède). La tradition recule ...mais la confrontation continue .

Sous la pression des Barclay,  Sercq entame des réformes démocratiques pour se mettre en conformité avec la Convention européenne des droits de l'homme. 

En 2008, premières élections, les hommes des Barclays sont battus par les féodalistes. Par mesure de rétorsion, les frères Barclay commencent à mettre en œuvre la fermeture de toutes leurs entreprises et  licencient leurs 140 employés, c'est-à-dire un habitant sur quatre...

Silence silence


Cette histoire hors norme inspire en 2012 « Les deux frères et les lions » au metteur en scène Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre, une satire sur le libéralisme inspirée de la vie des ces 2 frères. La pièce dénonce les méfaits du liberalisme, une question, n'en déplaise aux frères Barclay, cruellement d'actualité.

 
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