Quand Instagram est accusé de détruire les dunes de Gouville-sur-Mer

La cote de popularité des cabines colorées de Gouville-sur-Mer (Manche) n'en finit plus de grimper. De nombreux curieux visitent le lieu pour le photographier. Une fréquentation en hausse qui met à mal ce site au bord des dunes. Comment faire pour le préserver ?

Olivier et Christelle, viennent d'un petit village de Seine-Maritime, non loin du Havre. Ils se baladent dans les dunes à la découverte des fameuses cabines colorées qui font la réputation de Gouville-sur-Mer : "On a pas autant de dunes, c'est surtout des galets qu'on a près de chez nous. Et ces cabines sont magnifiques, ça donne un charme à la plage et énormément de gaieté !" nous confie Christelle.

Ils sont émerveillés face à la palette de couleur qui illumine le paysage de bord de mer sur près de 600 mètres de dunes. Passage obligé, le couple immortalise ce moment en photos.

Comme eux, ce joyau du patrimoine local attire chaque année de plus en plus de visiteurs. Beaucoup sont saisis par le charme des lieux et les cahutes qui se succèdent. Les visiteurs passent ici pour photographier ou se photographier avec ce symbole du littoral manchois et ainsi poster leur oeuvre sur les réseaux sociaux comme sur Instragram ou Facebook : "On constate que le site a reçu beaucoup de visiteurs en 2022. Les gens profitent de l'après-covid et la météo, les températures plus douces rendent notre site beaucoup plus attractif" ,nous explique Jean-Pierre Legoubey, maire délégué de Gouville-sur-Mer.

Une fréquentation qui inquiète

Cette forte fréquentation dynamise la commune mais inquiète fortement également. En effet, les lieux sont victimes de leur succès. Les touristes vont au plus près des cabines. Et les piétinements humain, répétés, font souffrir la dune. Ils empêchent les végétaux de repousser et par conséquent de retenir le sable.

Sur place, de petites clôtures sont mises en place et des cordes installées en bord de chemin au pied des dunes. Elles sont là, d'abord pour lutter contre l'érosion naturelle mais aussi pour éviter que les visiteurs trop curieux sortent des sentiers battus :

"Regardez, il n'y a plus de verdure au pied des cabines. Il faut que ça s'arrête !"

Jean-Pierre Legoubey, maire délégué de Gouville-sur-Mer (Manche)

La commune limite les accès aux cabines pour protéger le site. Elle a mis en place une seule entrée et une seule sortie pour que les visiteurs se baladent le long d'un même sentier près des cabines : "On oriente les promeneurs le long de ce chemin unique mais c'est compliqué de les canaliser tous à ce même endroit, on a mis des pieux pour que les gens arrêtent de se balader partout sauvagement. Notre objectif maintenant est d'améliorer et renforcer ce dispositif pour restreindre la déambulation face à la fréquentation touristique en hausse" ajoute ce dernier. 

Réduire la promotion du site touristique

Pour François Legras, maire (LR) de la commune, il est compliqué d'interdire les promeneurs de se balader dans ces milieux naturel. Pour lui, il faut sensibiliser la population et les touristes : "On doit explique la fragilité du milieu et les effets néfastes de cette fréquentation".

L'édile veut aussi réduire la promotion du territoire notamment en période estivale : "On n'en a pas besoin, le site est connu mais il faut surtout qu'on freine les communications comme par exemple les affiches qui mettent en avant les cabines de Gouville-sur-Mer ou les publicités avec la fameuse Volkswagen VanLife devant les cabines. Il faut sensibiliser la population mais aussi montrer l'exemple en arrêtant ce type d'affichage même si on en est très fier de nos cabines colorés".

Les cabines colorées, un joyau et véritable symbole de la Manche que Gouville-sur-Mer veut tout faire pour sauvegarder.