17 patrons de discothèques se sont enchainés mardi 29 septembre au soir aux grilles de l'Assemblée nationale. Ils s'estiment oubliés par le gouvernement et réclament "une étude sérieuse" sur la dangerosité potentielle de leurs établissement.
"Pourquoi est-on classé à part ? On est des pestiférés !", s'insurge Matthieu Lebrun. Depuis plusieurs mois, le patron de discothèque saint-lois est en première ligne pour défendre sa profession. "Nos amis les restaurateurs et les bars ont réussi à avoir un rendez-vous en moins de 48 heures. Nous, les boites de nuit, ça fait sept mois qu'on attend." Alors, le chef d'entreprise normand et 16 de ses confrères ont monté ce mardi 29 septembre "une petite opération commando". Et se sont enchaînés aux grilles de l'Assemblée nationale.
"Les discothèques sont en train de mourir les unes après les autres." Selon Matthieu Lebrun, le décret négocié avant l'été avec le ministre chargé des petites et moyennes entreprises, Alain Griset, et créant un fond de solidarité pour la profession, n'aurait été signé par le Premier ministre que ce mardi soir. "Le décret était dans un trieur sur le bureau de Monsieur Castex en attente de signature", fulmine le patron normand. Initialement prévue pour couvrir les mois de juin, juillet et août, l'indemnisation a été étendue jusqu'au mois de novembre.
Mais la mesure est jugée largement insuffisante. Les conditions d'accès sont jugées trop restrictives. "Il ne faut pas avoir bénéficié du prêt garanti par l'Etat (PGE) , ne pas avoir été indemnisé par la Sécurité sociale en cas de maladie et ne pas avoir de trésorerie positive." Mais surtout, la profession estime qu'elle n'est pas près de voir le bout du tunnel. "Jeudi se vote le projet de loi prolongeant le régime transitoire de sortie de l'état d'urgence. Si ça passe, on est fermé jusqu'en avril. On ne veut pas que ça passe et on veut que le choix de fermeture soit remis aux préfets, comme pour les bars et restaurants. Oui, ces derniers sont plus nombreux et représentent plus d'emplois mais les discothèques c'est quand même 40 000 emplois directs."
Car la première des revendications de ces chefs d'entreprise, c'est la reprise de leur activité. Et certains d'entre eux l'estiment possible. Et souhaitable pour tous. "En nous fermant, on encourage les fêtes sauvages. Les jeunes, qui s'en foutent du coronavirus parce qu'ils sont asymptomatiques, vont se réunir dans des salles privées sans aucun respect des gestes barrières. Il va mieux avoir cinq cas de covid dans une boite de nuit que dix dans une salle privée", plaide Matthieu Lebrun.
Pouvoir faire ses preuves
En juin dernier, les patrons de discothèque avait transmis aux autorités un protocole sanitaire. "On n'a pas eu de réponse." Ils proposent d'aller plus loin. "Depuis des mois, on demande une étude scientifique sérieuse, qu'on fasse un essai sur une discothèque témoin, un peu comme ce qui s'est fait en Allemagne pour les concerts", déclare Matthieu Lebrun, le patron du Milton club à Saint-Lô, "On a des extracteurs de fumée extrêmement puissant, l'ai est renouvelé dans nos établissements toutes les huit minutes. Les bars et restaurants n'ont pas cet équipement. Et on est contrôlé tous les ans."Ce mardi, devant l'Assemblée nationale, les députés du Calvados et de la Manche, Christophe Blanchet et Philippe Gosselin sont venus apporter leur soutien à ces patrons de boite de nuit. "Nous sommes mobilisés pour réclamer des éclaircissements et peut-être des expérimentations" d'ouverture avec des protocoles sanitaires stricts dans des territoires en zone verte, a affirmé le premier. "Ils sont fermés pour une durée indéterminée. On ne sait pas où on va, alors qu'on laisse faire des fêtes privées, sans aucun contrôle sanitaire", a indiqué pour sa part son collègue manchois Philippe Gosselin.
Selon Matthieu Lebrun, la mobilisation va se porusuivre dans les prochains jours. Une "grosse opération escargot" sur le périphérique parisien est programmée le 19 octobre prochain. Les patrons de discothèque ne seront pas seuls : plusieurs acteurs du secteur événementiel et festif ," des traiteurs, des intermittents mais aussi des orchestres qui font des mariages", sont attendus.