Ce collectif anonyme entend "libérer la ville" de l'emprise publicitaire au nom de la protection de l'environnement. Il demande à la municipalité de rompre son contrat avec l'afficheur JC Decaux. La maire de Saint-Lô refuse de s'exprimer "pour ne pas mettre en valeur une action violente inadmissible". La police enquête.
Organiser une rencontre avec le collectif ne va pas de soi. Depuis qu'ils ont opté pour un mode d'action radical, ses membres se savent surveillés, voire recherchés. "On a essayé des mesures plus douces, plus rigolotes. Sans résultat, justifie un de ces activistes qui se présente le visage masqué. La manière forte, c'est plus efficace. Ça dérange".
En 2020, le collectif s'était en effet signalé par quelques graffiti "Stop Pub" apposés sur la chaussée et sur des panneaux d'affichage.
Nous voulons stopper la publicité sur Saint-Lô, responsable de la surconsommation, qui elle-même engendre l'exploitation de la nature à grande échelle, des pollutions à outrance, ainsi que des conditions dégradantes des humains concevant tous les produits vantés.
Collectif anti-publicité de Saint-Lô
Cet automne, ce groupe de militants anti-pub a entrepris de détruire des panneaux lumineux exploités par JC Decaux. Dans une communication anonyme, ils revendiquaient alors cette "libération de la ville de l'emprise publicitaire" en ne cachant rien de leurs intentions : "Ceci n'est évidemment qu'un début si la société Decaux et la Mairie de Saint-Lô ne mettent pas fin à leur contrat."
JC Decaux a déposé plainte et la police enquête. Les membres du collectif risquent gros s'ils sont interpellés. "Cela ne nous amuse pas. On ne dort pas toujours bien. Mais nous sommes prêts à prendre ce risque. Nous faisons notre devoir".
La maire de Saint-Lô se refuse à tout commentaire public pour "ne pas mettre en valeur une action violente inadmissible". Emmanuelle Lejeune s'était toutefois dit prête à discuter si les activistes acceptaient de tomber le masque. "Ce qu'elle appelle une main tendue est en fait un guet-apens", cingle un militant rencontré le mois dernier.
Cinq panneaux ont encore été incendiés ces dernières semaines. Dans un courrier adressé à la maire de Saint-Lô ce dimanche 9 janvier, le collectif affirme vouloir ainsi faciliter la tâche de la municipalité : "vous avez la possibilité de rompre le contrat de la ville avec l'entreprise Decaux en vous reportant à l'article 12 de celui-ci : « Maintenance et nettoyage des mobiliers et des abribus »".
Un petit conseil au passage pour les finances de la ville, pensez à réclamer les 50 € par jour de retard du nettoyage après notre passage à Decaux, les Saint-lois vous remercierons.
Collectif anti-publicité de Saint-Lô
Ce petit trait d'humour ne fait évidement pas rire JC Decaux. Le directeur régional de la société "déplore ce qui se passe à Saint-Lô" en regrettant "l'impact sur la communication institutionnelle et sur celle de nos clients annonceurs locaux qui ont besoin de ces canaux de communication pour dynamiser leurs commerces". Christophe Da Silva témoigne d'une belle foi en son métier. "Nous vous rappelons que la publicité est une cause particulièrement importante de notre mode de consommation néfaste", répond le collectif. Ceux-là ne sont pas faits pour s'entendre.