Action spectaculaire ce lundi matin devant la préfecture de la Manche à Saint-Lô. Le syndicat agricole proteste contre l'interdiction du dichloropropène, un pesticide jugé indispensable par les cultivateurs de la carotte des sables.
A Saint-Lô, les habitants du quartier de la préfecture ont connu un réveil pour le moins pétaradant ce lundi 29 avril. Avant même le lever du jour, une quarantaine d'agriculteurs et une dizaine de tracteurs ont débarqué dans le centre-ville pour aller décharger des tonnes de carottes et poireaux pourris sous les fenêtres du représentant de l'Etat. Une action coup de poing et coup de gueule pour protester contre l'interdiction du dichloropropène.
Depuis l'an dernier, les maraîchers de la Manche, et plus précisément ceux du Cotentin et du secteur de Créances, où est cultivée la carotte des sables, ne peuvent plus utiliser ce pesticide. "Pour l'instant, nous, dans nos sables, on ne peut pas travailler sans produit, on n'a pas encore la méthode qui nous permet de le faire alors que ça fait plus de 25 ans que la recherche travaille sur ce sujet", explique Philippe Jean, "On a mis des méthodes alternatives en, place mais on rentre dans des rendements qui sont complètement dérisoires." Car le dicholoropropène permettait de s'attaquer au nématode, un ver parasite s'attaquant à la croissance de la plante.
En 2009, l'Union Européenne a interdit l'utilisation de ce produit phytosanitaire potentiellement cancérigène. Mais ces dix dernières années, un système de dérogations a permis aux maraîchers de la Manche de continuer à travailler avec les mêmes méthodes.
L'an dernier, la France a décidé de ne plus renouveler ces autorisations. Contrairement à d'autres pays. Ce qui ne manque pas de susciter la colère de la profession."Aujourd'hui, sur les néonicotinoïdes, il y a 12 pays de cla communauté européenne qui ont demandé une dérogation", affirme Sébastien Amand, le président de la FDSEA de la Manche, "Le dichloropropène aujourd'hui il y a l'Espagne et l'Italie qui peuvent encore l'utiliser en 2019." Et de dénoncer l'importation en France de la production des pays concernés.
Des compensations financières ont été mises en place mais elles sont jugées largement insuffisantes par la profession, qui emploie 250 salariés dans le secteur de Créances. "On est bloqué à 20 000 euros sur trois ans par exploitation. Ça correspond à l'indemnisationn des hectares qui n'ont pas été ensemencés en 2018 ", s'insurge Jean-Luc Leblond, responsable de la section légumes de la FDSEA de la Manche. Les agriculteurs réclament donc que l'Etat revoit son aide financière à la hausse. Ils souhaitent également que des recherches soient engagées pour leur permettre de trouver des solutions alternatives durables.