Ce collectif de militants masqués invite "les néophytes" à rejoindre "la lutte" contre la publicité, accusée d'être l'une des responsables du réchauffement climatique. Ils affirment avoir déjà détruit une quinzaine de panneaux publicitaires ces derniers mois à Saint-Lô.
La vidéo s'ouvre sur un générique digne d'une superproduction de salon. Le ton est décalé, presque potache. En fond sonore, l'air de la Guerre des étoiles, interprété au pipeau, accompagne le déroulement d'un texte de revendication. Les activistes se déclarent "en guerre contre l'Empire" de la publicité, incarné à leurs yeux par les afficheurs JC Decaux et Clear Channel.
"Subissant depuis trop longtemps l'invasion des panneaux publicitaires, envahissant nos paysages par la force et constatant la collaboration des services de l'Etat, nous avons décidé d'organiser une défense citoyenne", écrivent-ils. "Mais la rébellion est tenace : plusieurs petites groupes armés (de clés allen, bidons d'essences et scies à métaux) ont déjà apaisé le climat en libérant Saint-Lô d'une quinzaine de ces dispositifs meurtriers". (sic)
Le texte, volontairement provoquant, fait référence à une première vague de destructions constatée à l'automne dernier et au mois de janvier. Les activistes avaient alors incendié des panneaux de la société JC Decaux implantés à Saint-Lô. Ils priaient la ville de rompre son contrat avec l'afficheur.
Nous voulons stopper la publicité sur Saint-Lô, responsable de la surconsommation, qui elle-même engendre l'exploitation de la nature à grande échelle, des pollutions à outrance, ainsi que des conditions dégradantes des humains concevant tous les produits vantés.
Collectif anti-publicité de Saint-Lô, justifie le collectif.
Le directeur régional de JC Decaux interrogé après ces destructions déplorait "l'impact sur la communication institutionnelle et sur celle de nos clients annonceurs locaux qui ont besoin de ces canaux de communication pour dynamiser leurs commerces". La société a porté plainte.
Au début de l'année, une équipe de France 3 Normandie a pu rencontrer deux représentants de ce groupe, non sans mal : ils se savent recherchés par la police. "Cela ne nous amuse pas. On ne dort pas toujours bien. Mais nous sommes prêts à prendre ce risque. Nous faisons notre devoir".
Le maire de Saint-Lô s'est toujours refusé à commenter ces agissements afin de "ne pas mettre en valeur une action violente inadmissible". Emmanuelle Lejeune s'était toutefois dit prête à discuter si les activistes acceptaient de tomber le masque. "Ce qu'elle appelle une main tendue est en fait un guet-apens", cingle un militant rencontré le mois dernier.
Dans la nuit du 13 au 14 février, un grand panneau d'affichage 4x3 de la société Clear Channel a été abattu route de Paris. Dans la vidéo de revendication qui nous est parvenue le 30 mars, les activistes se filment en train d'en scier les poteaux métalliques.
"Devant le refus répété de Mme Lejeune de vouloir s'asseoir à la table des négociations", les militants du collectif disent avoir choisi "d'exposer" le modus-operandi "afin de guider les néophytes dans la lutte".
"Depuis le début, je les invite à échanger autour d'une table, ce qu'ils ont toujours refusé, insiste Emmanuelle Lejeune qui déplore cet appel à détruire de nouveaux panneaux publicitaires : "Ces méthodes ne peuvent qu'interpeller". Quant aux enquêtes de police, elles semblent pour l'heure être restées vaines...