Une toute jeune entreprise basée à Rennes en Ille et Vilaine fabrique des prothèse d'un nouveau genre grâce à une imprimante 3D. Des prothèses qui sont testées dans la Manche au centre de rééducation de Granville.
A peine plus de 30 ans et de l’énergie à revendre ! Avec son diplôme d’orthoprothésiste en poche, Erwan Calvier créé il y a six ans une entreprise qu’il intitule OPR : Orthèse Prothèse Rééducation. La structure, basée en Bretagne (Rennes) mais aussi en Normandie (Avranches et Saint-Lô), regroupe plusieurs orthoprothésistes et kinésithérapeutes qui travaillent quotidiennement à adapter différents types d’appareillages et de prothèses à leurs patients.
Une idée de génie !
Et puis il y a tout juste un an, en pleine crise sanitaire, l’entrepreneur a une idée : il va tenter de fabriquer des prothèses grâce à une imprimante 3D. Si le concept parait assez simple, il faut en fait tout inventer à partir d’une feuille blanche. Jusqu’à présent pour fabriquer une prothèse sur mesure, il fallait réaliser une empreinte en plâtre du membre amputé du patient puis, à partir de cette empreinte, fabriquer un moule. Un procédé éprouvé mais plus proche de l’artisanat que du geste scientifique : la réussite de l’opération tenant surtout de la dextérité et de l’habitude du praticien.
Je ne suis pas ingénieur, je suis orthoprothésiste, c’est ma force, je connais parfaitement bien les besoins de mes patients.
Erwan Calvier va donc créer un outil beaucoup plus rationnel en s’aidant de toutes les nouvelles technologies auxquelles il a accès. Il va commencer par se servir d’un scanner portatif pour créer une image en trois dimensions et en couleur du moignon de son patient. Ensuite, et le tour de force se situe ici, il va mettre au point, avec l’aide d’informaticiens, un logiciel capable de traduire cette image en données compréhensibles pour une imprimante 3D. Enfin il va adapter le manchon ainsi obtenu à un pied artificiel et finaliser une prothèse complète et parfaitement adaptée.
Grâce à ce procédé on est beaucoup plus précis, et objectif sur ce qu’on fait, en plus une fois scanné, le profil de chaque patient est stocké ce qui nous permet de le retravailler facilement en fonction des évolutions
Une prothèse beaucoup plus confortable
Une démonstration valant mieux que de longs discours, c’est Lionel qui se prête cette fois-ci à l’exercice du pilote d’essai. Le jeune homme a 35 ans, il est grand et sa silhouette en témoigne, il est sportif. Il y a quelques mois le jeune homme a connu un problème cardiaque important qui lui a causé d’énormes soucis de circulation sanguine. A la suite d’une opération du cœur, Lionel a dû être amputé de sa jambe droite à hauteur du tibia. Après la phase de soin, Lionel est allé suivre un programme de rééducation au centre de réadaptation du Normandy à Granville, c’est là qu’il a rencontré Erwan et ses prothèses 3D. Il s’en est donc fait fabriquer une et après quelques semaines de rééducation et d’apprentissage, il peut se tenir debout, marcher et il envisage même de reprendre le sport rapidement.
Cette prothèse est vraiment confortable, elle devrait me permettre de refaire du surf, du stand up paddle, et de la randonnée.
Un procédé de fabrication de prothèse qui a conquis les médecins
Le docteur David Forestier, spécialiste en médecine physique et de réadaptation au Normandy, a immédiatement compris l’intérêt de ces nouvelles prothèses pour ses patients. Il est la caution médicale de l’établissement et c’est sous son autorité que ce nouveau système est proposé. Le docteur ne cache pas son enthousiasme, si les prothèses ne sont pour l’instant prévues que pour les personnes amputées au niveau du tibia, il en est convaincu, la technique permettra bientôt d’en fabriquer pour les membres supérieurs.
Il nous faudra du temps et de nombreuses études pour en être scientifiquement certain, mais je pense que nous pourrions être étonnés par l’amélioration du quotidien de nos patients grâce à ces prothèses.
Des prothèses victimes de leur succès
En à peine un an d’existence, l’entreprise Vytruve a déjà réalisé près de 200 prothèses dont une cinquantaine pour des patients du centre de réadaptation de Granville. Des prothèses qui ne représentent aucun surcout puisque les tarifs de l’assurance maladie sont payés à la prothèse définitive, peu importe comment elle a été fabriquée.