Plusieurs plages, à l'est du département de la Manche, ne sont pas surveillées. Selon les maires des communes concernées, elles ne sont pas forcément dangereuses et ne nécessitent donc pas d'être sous surveillance. Mais en réalité, c'est aussi une question d'argent car embaucher des sauveteurs coûterait trop chers aux municipalités.
En cette période estivale, apercevoir des sauveteurs qui surveillent des plages est assez anodin. Pourtant à l'est de la Manche, pas de surveillants en poste. Ils sont tout simplement remplacés par des panneaux d'indication où il est inscrit "baignade non surveillée". C'est le cas par exemple à Réville où Gwenaelle et sa fille profitent du soleil et de la bonne température de l'eau. Selon elle : "le principe de précaution est là, on surveille ses enfants, on sait nager alors qu'elle soit surveillée ou pas, pour moi c'est pareil'.
De son côté, le maire de la commune, Yves Asseline, estime que ce panneau suffit amplement :
ça fait parti de l'être humain de prendre ses responsabilités donc nous signalons ce qui est dangereux mais pour le reste c'est la liberté de chacun.
Yves Asseline, maire de Réville
À quelques kilomètres de là, sur la plage de Quinéville, d'autres baigneurs ont un tout autre discours. Leila profite d'un bain avec son fils mais tout en s'amusant, elle reste vigilante : "C'est dangereux de ne pas avoir de sauveteurs qui surveillent la plage, la mer remonte assez vite en plus". Aurèle, son garçon de 9 ans patauge dans l'eau avec le sourire mais il nous confie : "j'essaye de ne pas aller trop loin, de faire attention, mais heureusement que les parents sont là, on ne se baigne jamais tout seul'.
Dans cette commune de 300 habitants, s'il n'y a pas de sauveteurs, c'est pour une raison économique. Pour le maire de Quinéville, René Hardy, il est impossible de payer un maître sauveteur : "j'ai des collègues qui dépensent 30 000 euros, mais pour un petit village comme nous c'est un budget extrêmement lourd".
En effet, les nageurs sauveteurs sont en poste sur demande des communes ou intercommunalités. Les collectivités financent ensuite le salaire du surveillant mais aussi un logement et le matériel du poste de secours. Une dépense totale estimée entre 30 000 € et 40 000 € pour une saison.
Le poste de secours de Bréville-sur-Mer fermé cet été
Un financement trop lourd pour certaines communes qui font donc le choix de se passer de sauveteurs. Mais d'autres municipalités rencontrent le problème de la pénurie de main d'œuvre. Le manque de surveillants, dont la moyenne d’âge se situe entre 20 et 25 ans, se fait en effet sentir cet été. Des jeunes qui refusent les postes où d'autres qui ne travaillent qu'une partie de l'été. Par conséquent la commune de Bréville-sur-Mer, dans le sud-manche, a décidé de fermer son poste de secours pour la saison estivale.
La côte ouest du département ne semble pas plus dangereuse qu'à l'est de la Manche, une zone sans surveillance de baignade. Pourtant la présence de postes de secours renforcerait l'attractivité des plages. Ce serait une aubaine pour les communes du Cotentin qui veulent développer le tourisme.