Saint-Patrice-de-Claids n'a pas eu à dénombrer de décès après le passage de la tempête Ciaran, le 2 novembre. Toutefois, le vent a dévasté presque intégralement la forêt communale. une catastrophe environnementale vécue comme un deuil dans la commune manchoise.
C'est un paysage de désolation. Il y a une semaine encore, Saint-Patrice-de-Claids jouissait d'une magnifique forêt de 50 hectares. Depuis le passage de la tempête Ciaran, il ne reste plus grand-chose de ce qui était considéré comme un joyau par les habitants de cette petite commune manchoise, près de Lessay.
"Il n'y a plus rien, c'est dramatique ! 80% des arbres sont par terre, se désole Jean-Luc Launey, le maire de ce village de 180 habitants. Malheureusement, les quelques arbres qui restent debout sont isolés, le moindre petit coup de vent demain, ils vont finir par tomber donc a pratiquement tout perdu aujourd'hui. Pour nous, c'est un drame colossal !" .
Plus d'eau, plus d'électricité, plus de forêt
Ce secteur du centre ouest de la Manche a été particulièrement touché par la tempête Ciaran du 2 novembre 2023. "Entre 6h et 8h du matin, les vents ont été extraordinaires, au-delà de 150 km/h, relate Jean-Luc Launey. J'ai connu 1987, 1999, mais là, on était au-delà de ça. On se demandait si nos maisons allaient tenir mais on ne pouvait pas imaginer que la forêt allait finir comme ça."
Ce lundi, une partie du village est encore privée d'électricité, l'eau courante a été rétablie aujourd'hui mais elle n'est pas encore potable. Pour autant, le principal désarroi de la population porte sur la forêt. "Un fil électrique, ce n'est pas grave, ça se répare. L'eau, ça va revenir. Mais une forêt, ça ne se reconstruit pas, c'est définitif", conclut le maire, abattu.
La volonté de replanter des arbres
Le site est classé Natura 2000. Il est réputé pour sa biodiversité, ses champignons, ses chevreuils, ses écureuils, ses châtaigniers. C'était en quelque sorte le terrain de jeu de prédilection des riverains. Depuis plusieurs jours, professionnels de l'élagage et riverains se relaient pour déblayer les routes adjacentes.
"On fait déjà du débroussaillage et de l'élagage dans l'année, mais là, c'est exceptionnel pour mesure exceptionnelle. Le renfort de nombreux bénévoles n'est pas de trop."
La forêt appartient à la mairie mais comme elle est classée Natura 2000, c'est l'ONF (Office National des Fôrets) qui la gère. Un de ses représentants passera vendredi évaluer l'ampleur des dégâts.
D'ici là, le maire aura fait une déclaration de catastrophe naturelle, et le préfet se sera déplacé pour mesurer l'étendue de la catastrophe. "Il y a un travail colossal, on sait qu'il va falloir 20 à 30 ans pour retrouver ce que nous avions avant la tempête mais il va falloir replanter, c'est une nécessité, une obligation pour nous", ponctue le maire de Saint-Patrice-de-Claids. Un véritable devoir de mémoire pour les habitants de la commune durement sinistrée.