Le festival de Deauville rend hommage ce jeudi à Ian McKellen. Le comédien britannique présentera ce soir son dernier film dans lequel il interprète un Sherlock Holmes
"Quand la légende devient réalité, imprimez la légende", avait un jour déclaré John Ford. Une hérésie pour un personnage comme Sherlock Holmes pour qui seuls les faits comptent. Au crépuscule de sa vie, retiré au fin fond de de la campagne anglaise, le célèbre détective rouvre un ancien dossier, la dernière affaire qu'il a eu à traiter avant de partir en retraite. La façon dont son ancien complice, John Watson, l'a relatée dans un livre ne le satisfait pas. Ce bon vieux docteur a toujours eu tendance à prendre des libertés avec la vérité. Mais difficile de renouer les fils d'une histoire quand votre mémoire décline.
L'oeuvre de Sir Arthur Conan Doyle a connu quantité d'adaptations, cinématographiques (le premier film date de 1900) et télévisuelles. Certaines sont classiques, s'attachant à transposer le plus fidèlement possible sur écran les aventures du célèbre détective. D'autres, à l'instar du bon docteur Watson, s'émancipent des oeuvres du romancier britannique et tentent même parfois de questionner le mythe. C'est à cette seconde catégorie qu'appartient "Mr Holmes", adapté du roman de Mtch Cullin, "Les abeilles de Monsieur Holmes", publié en 2005.
Si le spectateur souhaite connaître le fin mot de l'histoire de ce film qui fleure bon le thé (on est bien loin, formellement, des relectures hystériques de Guy Ritchie ou, dans un registre plus sobre, de la modernité de la série de Mark Gatiss et Steven Moffat), les amateurs d'énigmes policières risquent de rester sur leur faim. Point de disparition mystérieuse, de meurtre sanglant ou de complot machiavélique. Mais un territoire sans doute tout aussi mystérieux et pas moins passionnant. Et beaucoup plus touchant.
Ian McKellen incarne avec beaucoup de finesse ce vieux monsieur de 93 ans (le comédien britannique en a 76), confronté à la maladie et à la perte de ses facultés, un homme en proie au doute qui voit ses certitudes peu à peu voler en éclats mais qui va renouer, au crépuscule de sa vie, avec son humanité. Dans ce film d'avantage porté par l'émotion que le suspense, l'acteur, à qui le festival de Deauville rend hommage ce jeudi soir, est bien épaulé par le reste de la distribution, à commencer par Laura Linney et Milo Parker qui interprètent la gouvernante du détective et son jeune fils.
Les spectateurs français devront un peu patienter avant de découvrir ce joli film. Sa sortie en salle n'est programmée qu'en avril 2016.