La naissance des poulains, à chacun sa méthode pour surveiller et accompagner

Trotteurs, Selles Français ou Quarter Horses ou Percherons, nombreux sont les poulains dans nos herbages à l’herbe grasse et fortifiante de printemps. Tous les éleveurs n'attendent pas l'heureux événement de la même façon. 

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Quand on vit dans une région rurale ou que l’on traverse les paysages français, on le sait bien : au détour des virages, les prés au printemps se remplissent de poulains. Tous les éleveurs connaissent le même lot. Surveillance accrue à mesure que le terme s’approche, ou se dépasse… Éleveurs professionnels ou non, le nuits sont blanches pour tout le monde car les juments accouchent rarement aux heures de bureaux. Mais tous n'ont pas les mêmes méthodes. D'abord parce qu'il y a une différence entre l'éleveur qui possède une vingtaine de mères pleines et le particulier qui n'aura qu'une seule jument à suivre.
Alors on s’organise. « Dans notre couple, on prend des vacances à cette époque de l’année à tour de rôle pour assurer une présence sur place 24h/24, » précise Sophie Bequet dans l’Orne. Pour autant l'attente est à géométrie variable. C'est loin d'être une science exacte : de multiples paramètres entrent en ligne de compte pour influer sur la naissance du poulain. Le temps de la gestation (11 mois) bien sûr, mais aussi des coups de froid qui peuvent toujours réapparaître, et induire du retard. Et puis bien sûr les cycles lunaire. La pleine nuit qui favorise les naissance, ce n'est pas une vue de l'esprit. « Nous cela fait 3 semaines que attendons », continue Sophie. 

Au box le soir

Par crainte que cela se passe mal, les gestantes sont rentrées au box le soir. Une organisation s‘impose et elle est différente selon les cas.
« Ma vie s’est transformée quand j’ai construit une nursery avec un plafond de verre. Je pouvais aller me reposer au chaud tout en gardant un oeil. Les nuits sont fraiches souvent encore par chez nous au début du printemps, »  indique Nathalie Marolle Guihard installée en Seine Maritime. Parfois aussi les nouvelles technologies font leur entrée dans les écuries. « Nous avons installé une web cam. Cela permet de surveiller plus confortablement. Je fais me nuits blanches mais sur le web toute la nuit. Entre surveillance et jeux vidéos » sourit Sylvain Bequet.


Au pas de course

On le sait une fois que la jument a perdu les eaux, le petit doit arriver au plus vite. On a coutume de dire dans l’heure qui suit. En cas de difficulté pour sortir, il ne faut pas attendre. Et appeler le vétérinaire. Mais quand cela se passe bien, le début de la vie est très rythmé. On ne traîne pas chez les équidés. « La mère a eu un peu de mal au début. Et puis tout s’est enchaîné. A 3h, la pouliche a montré le bout de son nez. A 3h20, il y a eu la délivrance. 10 minutes plus tard la petite était debout… Tout s’est enchaîné. A 3h50 elle prenait sa première tétée avec le colostrum, et 4h30 elle nous gratifiait de son premier crottin » conclut Sylvain, exténué mais heureux.


L'enfer étant pavé de bonnes intentions, tout ne se passe pas comme on le désire tout le temps. « J’ai veillé une de mes juments toutes les nuits pendant plus de 8 jours. Et un matin je suis allée prendre un café… Pour tenir. En revenant 15’ après tout était fait, » nous confie Nathalie Marolle Guihard partagé entre le dépit et l’envie de rire.



Les mérites de Mère Nature

Cet accompagnement est général. Mais pour autant le surcroît d’attention avec la professionnalisation de l’élevage a ses propres conséquences. « La surveillance fait partie intégrante des poulinages, » poursuit Thomas notre vétérinaire installé à Montagne au Perche. «Il arrive que l’intervention humaine soit nécessaire. Mais on voit aujourd’hui des soucis inconnus auparavant. La jument dans les prés marche très vite après la délivrance et finit de se vider. En box c’est moins le cas. Et le poulain, surtout quand les naissances sont tôt dans la saison c’est à dire en fin d’hiver qu’il fait encore froid et que l’on ne sort pas les mères suitées (avec bébés)… Ils ne marchent pas non plus : des pathologies relevant de l’orthopédie peuvent beaucoup plus facilement apparaître. »


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