La question de l'obligation vaccinale au coeur des débats qui enflamment l'Assemblée nationale divise les Français. Sur la terre du peut-être bien que oui, peut-être que non, les réponses sont pourtant bien tranchées. Si Edouard Philippe soutient Emmanuel Macron, la gauche et la droite, le condamnent.
Volontairement ou pas, Emmanuel Macron a mis le feu. Ces propos contre les non-vaccinés dans les colonnes du journal Le Parisien ont ému ou rassuré, c'est selon. "C’est une toute petite minorité qui est réfractaire. Celle-là, comment on la réduit ? On la réduit, pardon de le dire, comme ça, en l’emmerdant encore davantage […] Eh bien là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout...", le chef de l'Etat répondait alors à une lectrice qui lui indiquait que les non-vaccinés "occupent à 85% les réanimations", alors que 90 % des français sont vaccinés.
Des mots qui choquent
L’examen du projet de loi sur le pass vaccinal a été de nouveau suspendu en pleine nuit, mercredi, en raison de la tempête provoquée à l’Assemblée Nationale par le président qui a affirmé vouloir « emmerder » les non-vaccinés.
Tranquillement, son plus fidèle ancien Premier-Ministre, le Havrais Edouard Philippe n'a pas hésité à le défendre sur France 2 quelques heures plus tard.
"Ce qui est clair, c'est qu'on a compris ce qu'il voulait dire", a t-il commenté. "C'est lui qui dira s'il le regrette ou pas."
Un soutien, peut-être timide, mais qui se démarque dans le tollé général.
Il faut dire que le patron du nouveau parti Horizons s'imagine bien candidat à la succession, en 2027. Rassembleur et calme, comme à son habitude, Edouard Philippe a quand même précisé aux téléspectateurs de France 2 qu'il "n'est pas venu pour beurrer des tartines."
Petite réplique mythique du légendaire film Les Tontons Flingueurs.
Orgueil, mépris, manipulation, folie ?
A gauche mais aussi au centre ou à droite, les réactions ne manquent pas.
En Normandie, on retiendra les positions du député communiste de Dieppe (76) connu pour ses déclarations sans détour, Sébastien Jumel.
Après les illettrés, ceux qui ne sont rien et autres saillies, Macron en flagrant délit de récidive de mépris. Orgueil et froid calcul électoral (...) La République vaut mieux que ça
Sébastien Jumel
Le président Centriste de la Région Normandie, est lui aussi monté au créneau. Il faut rappeler qu'Hervé Morin, a été missionné, il y a quelques jours, comme conseiller auprès Valérie Pécresse pour porter le volet économique de son programme présidentiel.
La manipulation politique grossière d'Emmanuel Macron est une erreur grave
Hervé Morin
L'ancienne vice-présidente de l'Assemblée Nationale, la socialiste Laurence Dumont, députée de Caen, est comme sidérée par ces déclarations présidentielles.
Quelle folie, le Président, au lieu de tenter de convaincre et de rassembler, met le feu
Laurence Dumont
La vaccination obligatoire en toile de fond
A l'arrêt, le Parlement a cessé de légiférer pendant de longues heures. En mode pause pour digérer. Ce mercredi 5 janvier, en milieu d'après-midi, les débats reprennent timidement entre majorité et opposition. Jean Castex, le Premier Ministre, ne présentera pas d'excuses.
La déclaration brutale du Président de la République va t-elle provoquer un passage en force des députés de la majorité ?
Elle a surtout mis à jour la question de la vaccination obligatoire. "C'est une question difficile mais au moment où on en est, j'y suis plutôt favorable", a par exemple précisé sur France 2 Edouard Philippe. "Il s'agit d'une Benalla sanitaire" a lancé Sébastien Jumel sur les bancs de l'Assemblée Nationale. "Le Président vient de dénaturer le texte qui nous est présenté."
Accélérer la vaccination ou la rendre obligatoire ? Entre populisme et sérénité, jusqu'où ira la loi en discussion actuellement ? Le député LR de la Manche, est lui aussi du côté des choqués dans cette crise parlementaire. "Emmerder les non-vaccinés. Ces propos dans la bouche d'un Président (...) ne sont pas acceptables."
Je défends un amendement qui exclut les mineurs du dispositif. Ils ne sont pas public cible, pas ceux qui sont en réa, la vaccination n’a débuté pour eux que le 15 juin. Ils dépendent aussi de leurs parents. Envoyons un signal positif à nos jeunes!
Philippe Gosselin, député LR de la Manchecompte Twitter
Les oppositions ont pour le moment fait reculer le gouvernement sur un pass vaccinal pour les moins de 16 ans. L' Assemblée Nationale a repris le cours de ses discussions. Et menace de s'interrompre à tout moment, tant l'atmosphère est tendue.