Lundi 3 janvier 2022, contre toute attente, l’examen du texte sur le pass vaccinal a été suspendu. Comment les députés de Normandie ont-ils réagi face à ce revirement de situation?
La majorité est secouée ce mardi 4 janvier 2022. Le projet de loi transformant le pass sanitaire en pass vaccinal était examiné depuis lundi après-midi dans l'Hemicycle. Vers minuit, les députés ont refusé de siéger la nuit. Il leur restait 582 amendements à étudier. Les débats ont été suspendus après un vote à main levée et un décompte de la vice-présidente de l'Assemblée nationale, Annie Genevard (qui remplaçait Richard Ferrand, positif au COVID). Ce coup de théâtre va modifier le calendrier d'adoption définitif du texte par le parlement. L’exécutif souhaitait le mettre en place dès le 15 janvier 2022. La députée du Calvados Nathalie Porte a retweeté cette séquence sur son compte Twitter (elle n'était pas présente au moment des débats).
Parmi les députés de Normandie présents au Palais Bourbon, le communiste Jean-Paul Lecoq s’est réjoui de cette suspension. Invité de nos confrères de France Bleu Normandie, ce mardi matin, il s’est dit favorable à la vaccination, mais contre le pass vaccinal :
"Ce texte est mauvais, donc on est en phase de résistance et mon groupe, comme les autres groupes d'opposition, était très nombreux, organisé, pour pouvoir tenir toute la nuit, pour expliquer au ministre Véran en quoi son texte est mauvais". Jean-Paul Lecoq ajoute: "On veut un pass vaccinal pour prendre le train hors, on sait que le pass vaccinal et que le vaccin ne protègent pas contre la transmission de la maladie. Et donc on pense, nous, que c'est plus important de se faire tester avant de prendre le train que d'avoir un pass vaccinal dans sa poche qui fait que vous pouvez être porteur de la maladie. Et le gouvernement ne veut pas entendre".
Convaincre les non-vaccinés plutôt que contraindre
"Pour freiner la contagion, il faut vacciner le monde entier" ajoute l'élu. "Il faut lever les brevets et les licences, il faut aller vacciner toute l'Afrique parce-que sinon, il va y avoir des variants qui vont revenir les uns après les autres après avoir fait le tour du monde" suggère Jean-Paul Lecoq pour qui il faut continuer d'aller convaincre les non vaccinés.
Sébastien Jumel également député communiste de la Seine-Maritime estime que l’importance de cette loi ne peut pas se résumer à deux nuits de débats à l’Assemblée Nationale.
Lors de cette journée de débat du 3 janvier, le député a rappelé que : « les parlementaires communistes avaient veillé à faire en sorte que l’on vaccine dans la proximité (…) vous ne trouverez pas parmi nous des gens qui doutent de la nécessité de se faire vacciner. Par contre vous trouverez parmi nous des gens qui considèrent que les 5 millions de Français qui ont échappé au vaccin parce qu’ils sont indifférents à la République selon les mots du ministre, ne seront pas plus convaincus autour du pass autoritaire que vous voulez mettre en œuvre. Je réitère ma proposition : créer des conditions pour que ces gens qui souvent sont dans des déserts médicaux soient contactés par un professionnel de santé pour les convaincre (…) ce pass vaccinal qui est une obligation vaccinale ne fixe aucune obligation de moyens et de résultats pour l’Etat ».
"L'amateurisme de la majorité"
Le député de la Manche Philippe Gosselin (Les Républicains) a voté contre le pass vaccinal. Il s’étonne de l’absence des députés de la majorité « Sur un texte que veut vendre au pays le gouvernement, les députés de la majorité ne sont même pas présents pour le soutenir ! Il y a donc suspension de séance et report de l’examen du texte sine die !!! ». Sur son compte Twitter, il a précisé qu’il avait voté contre le pass.
Pour les Républicains également, la député de l’Orne Véronique Louwagie s’étonne de l’absence des députés la République en Marche
Ci-dessous le vote en détail des députés normands aux différents amendements débattus le lundi 3 janvier 2023
On constate effectivement que 11 députés n'ont pas voté ce lundi 3 janvier.
Parmi les 10 députés normands ayant voté contre les amendements, Bruno Questel pointe du doigt l'irresponsabilité des parlementaires qui n'ont pas voulu poursuivre les débats dans la nuit :
La reprise des débats dans l’Hémicycle aura lieu ce mardi 4 janvier 2022 en fin d’après-midi. Toutefois, la loi ne sera pas votée ce jour, car un débat sur les violences faites aux femmes doit avoir lieu dans la soirée et viendra interrompre l’examen du texte sur le pass vaccinal.
Ce dernier devrait être validé mercredi 5 janvier 2022. La majorité pourra compter sur le vote des Républicains puisque leur candidate à l'élection présidentielle Valérie Pécresse s’est dite favorable au pass vaccinal.