Sira Sylla, députée LREM de Seine-Maritime, est dans le collimateur de plusieurs de ses anciens attachés parlementaires. Certains ont saisi les conseils de prud'hommes de Rouen et Paris, d'autres dossiers sont en cours. Le point sur cette affaire.
C'est son premier mandat, une fierté pour cette normande, originaire de Saint-Etienne-du-Rouvray. Elue en juin 2017 dans la 4ème circonscription de Seine-Maritime, cette députée LREM est pourtant dans le collimateur de plusieurs attachés parlementaires avec qui elle a collaboré.
Depuis son élection, cette avocate de formation aurait changé plus d'une quinzaine de fois de collaborateurs, un nombre bien plus élevé que la moyenne. Certains d'entre eux dénoncent un harcèlement moral de la part de la jeune députée, c'est nos confrères du journal d'Elbeuf qui publient les premiers témoignages.
Des dossiers devant les prudhommes de Rouen et Paris
Selon nos informations, ils sont trois au moins à avoir porté cette affaire devant un conseil de prud'hommes. Deux attachés parlementaires l'ont fait à Rouen, et un dossier a été instruit par le tribunal de Paris. Il s'agit principalement de dénoncer du harcèlement moral, le non paiement des heures supplémentaires, le non-respect des règles du forfait jour mais aussi un licenciement sans cause réelle et sérieuse.
"Tout le monde le savait, personne ne disait rien"
Un collaborateur de la députée, concerné par ce harcèlement moral, évoque des messages incessants de la part de Sira Sylla, des horaires excessifs, des heures supplémentaires non payées. Il parle d'un stress permanent, d'une ambivalence de l'attitude de la femme politique à l'égard de son travail. Ce jeune attaché parlementaire explique : "ce qui m'a détruit, c'est la durée du harcèlement, une semaine j'étais le plus nul, la suivante, j'étais le plus beau."
Je n'ai pas vu que j'étais en situation de harcèlement, ce sont mes proches et mon médecin qui s'en sont rendus compte. Je ne parlais plus, je ne rigolais plus. J'ai eu plusieurs arrêts maladie pour dépression. Je suis encore très angoissé depuis.
"Martin" - Ancien attaché parlementaire de Sira Sylla
Une plaignante indemnisée
En janvier dernier, devant le conseil de prud'hommes de Paris, une ancienne attachée parlementaire de la députée normande va obtenir gain de cause sur toutes ses demandes. Il s'agissait notamment du paiement des heures supplémentaires, de son licenciement sans cause réelle et sérieuse ou encore de la reconnaissance d'une situation de harcèlement moral. Pour ce dernier point, son employeur Sira Sylla doit l'indemniser à hauteur de plusieurs milliers d'euros de dommages et intérêts. La députée a fait appel.
Une autre plaignante déboutée
Une des plaignantes, qui avait saisi le conseil de prud'hommes de Rouen, a vu ses demandes déboutées en août 2021. Licenciée pour insuffisance professionnelle, cette ancienne collaboratrice de Sira Sylla faisait valoir, entre autre, un problème de harcèlement moral, elle déplore devant le conseil des prudhommes "des calomnies sur ses capacités intellectuelles, des intimidations de la part de madame Sylla."
Elle soutient que la députée n'avait cessé de lui téléphoner à des heures tardives, la réveillant en pleine nuit."
Jugement du conseil de Prud'hommes de Rouen
Si le tribunal dit que certains éléments transmis posent "question sur l'exercice de la relation de travail (horaires, mail d'intimidation) les éléments au dossier n'apportent pas une preuve d'un harcèlement moral démontré." Cette ex-collaboratrice n'a pas souhaité faire appel.
Un autre dossier est d'ores et déjà dans les mains du conseil des prud'hommes de Rouen, une troisième affaire qui devrait faire l'objet d'une audience dans les prochains mois.
Contactée par téléphone, la députée Sira Sylla n'a pas répondu, et quant à son avocat, il ne souhaite pas s'exprimer.