L'écrivain caennaise Natacha Appanah ou le "tropique de la violence", finaliste du Prix Femina 2016

La Caennaise d'origine Mauricienne Natacha Appanah publie chez Gallimard son sixième roman : "Tropique de la violence". Elle tisse avec beaucoup de réalisme et de force et à travers cinq personnages, un portrait chaotique et suffoquant de Mayotte où elle a vécu.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

«Ne t’endors pas, ne te repose pas, ne ferme pas les yeux, ce n’est pas terminé. Ils te cherchent. Tu entends ce bruit, on dirait le roulement des barriques vides, on dirait le tonnerre en janvier mais tu te trompes si tu crois que c’est ça. Écoute mon pays qui gronde, écoute la colère qui rampe et qui rappe jusqu’à nous. Tu entends cette musique, tu sens la braise contre ton visage balafré? Ils viennent pour toi.» Tropique de la violence, Gallimard.

L'histoire est celle de Moïse, un enfant comorien échoué sur une plage de Mayotte, abandonné par sa mère biologique. il est élevé par Marie, une infirmière blanche en mal d'enfants. A 15 ans, sa vie bascule. En quête de ses origines, il quitte sa vie protégée pour rejoindre un gang de jeunes livrés à eux-mêmes et shootés au chimique. Il veut transpirer une sueur d'homme noir, manger du piment et du manioc. Il se confronte alors à Bruce, le chef du bidonville, tyran, voyou, celui qui gagne tous les mourengués.


Natacha Appanah, et "l'île aux enfants"

L'écrivain connait bien cette île, sa beauté à couper le souffle avec ses manguiers, ses papayers, et ses lagons, un monde émeraude et opaline, mais aussi ses clandestins, son chômage, sa violence et la desespérance d'une partie de la jeunesse. Ce contexte, elle le décrit précisement dans une tribune publiée par le journal Libération, le 5 juillet 2016. "J’ai vécu à Mayotte de 2008 à 2010, et j’avais été frappée du nombre d’enfants dans la rue (...) A ces moments-là, Mayotte me faisait l’effet d’une île aux enfants, mais je savais que c’était un leurre (...)Je suis retournée à Mayotte l’année dernière pour raconter ce pays dans un roman, et j’ai retrouvé une île pressurée de toutes parts (...) Les adolescents - souvent encore mineurs - s’organisent en bandes, volent, agressent et se droguent à la fameuse «chimique», ce mélange d’herbe, de tabac et d’un produit de synthèse équivalent au crack. Ils se gavent de clips rap hardcore pour imiter les gangs latino-américains. Les petits sont envoyés faire la manche ou du vol à l’étalage. Le soir, on peut les apercevoir, à la lueur des rares réverbères, fumer, boire et attendre un je-ne-sais-quoi. Oui, les enfants ont bien grandi, ils ne sont plus joyeux, mignons et ils se font entendre. La poudrière a bel et bien explosé."



Natacha Appanah, fille d'engagés indiens

Natacha Appanah est née le 24 mai 1973 à Mahébourg. Elle passe les cinq premières années de sa vie dans le nord de l'île Maurice, à Piton. Elle est issue d'une famille d'engagés indiens: les Pathareddy-Appanah. Pour consulter la bibliographie de l'auteur, vous pouvez visiter le site Ile en Ile, tenu par des universitaires et des chercheurs. Les "engagés", sont des indiens, venus à Maurice sur la base du volontariat, au XIX siècle, afin de remplacer les esclaves des plantations sucrières du nord de l'île, après émancipation (voir encadré pour plus de précisions).


Reportage Aurélie Misery et Stéphanie Lemaire


Avec ce roman, Natacha Appanah est dans la sélection finale du prestigieux Prix Femina 2016.

L'engagisme
"Le contrat d’engagisme à La Réunion et son équivalent à l’île Maurice, le contrat d’indenture, prévoient que l’immigré se fait avancer les frais du voyage par son employeur ou par un intermédiaire ; il travaille ensuite gratuitement entre cinq et sept ans afin de rembourser sa dette. Plusieurs interprétations ont été données de cette pratique. Selon une première approche, le contrat d’engagisme est une forme de travail forcé, de l’esclavage déguisé, et le contrat exprime une « fiction juridique »."
Pour en savoir plus vous pouvez lire TRAVAIL, DROITS ET IMMIGRATION. UNE COMPARAISON ENTRE L'ÎLE MAURICE ET L'ÎLE DE LA RÉUNION, ANNÉES 1840-1880
d'Alessandro Stanziani

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information