A Alençon, des étudiants en plasturgie créent 77 000 surblouses pour les soignants

L’institut supérieur de la plasturgie à Alençon se mobilise depuis un mois pour fournir les personnels hospitaliers en surblouses et en visières. La préfecture lui a demandé de créer 77 000 surblouses à destination des soignants normands.
 

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Le convoi n’est pas passé inaperçu dans les rues d’Alençon ce mercredi 6 mai. Des camions militaires, du 121e régiment du train mobilisé dans le cadre de l’opération « Résilience », ont transporté 600 kg de matériel vers un lieu tenu secret.

A bord des véhicules, 22 palettes contenant 10 tonnes de bobines de gaines en polyéthylène. Du plastique qui doit permettre de confectionner des surblouses pour les soignants de toute la Normandie, en première ligne face au coronavirus.
 

Cette quantité impressionnante de plastique a traversé la France sous bonne escorte depuis Ogeu-les-Bains dans les Pyrénées-Atlantiques. Un don de l’entreprise Semo Packaging suite à l’appel lancé par le directeur de l’Institut supérieur de la plasturgie en alternance à Alençon (ISPA).

Grâce à ce don, et à ceux de deux autres sociétés, nous avons les 16 tonnes de matière première nécessaires à la fabrication de 77 000 surblouses. Ce projet a commencé artisanalement. Notre objectif était d’abord de fournir des équipements à l’hôpital et la clinique d’Alençon. Puis la préfecture nous a demandé de voir plus grand et d'équiper tous les personnels soignants qui seraient demandeurs en Normandie.
Franck Steunou, directeur de l’ISPA.


Mobilisation des étudiants

Chaque semaine, une douzaine d’étudiants reviennent sur leur temps libre pour produire des surblouses à une échelle aujourd’hui industrielle. Le rythme est soutenu : cent surblouses sont fabriquées à l’heure et 1500 visières à la journée.

L’Ispa forme chaque année 220 apprentis niveau BTS ou ingénieur, spécialisés dans la plasturgie et les matériaux composites. Ces étudiants se destinent à travailler dans le domaine de l’aéronautique, de l’automobile, du cosmétique ou encore de l’agroalimentaire.
 

Quand Yasmine, Otmane, Alexis et les autres ont appris le projet du directeur de l’ISPA, ils n’ont pas hésité une seconde à se rendre utile, comme l’explique Maxime Leclerc, apprenti en dernière année d’ingénieur :

Nous, ce que l’on sait faire c’est de se servir des machines, de transformer de la matière et donc si on peut se servir de ce que l’on connaît pour aider les personnes qui en ont besoin comme le personnel hospitalier, nous apportons notre pierre à l’édifice.
Maxime Leclerc, apprenti en dernière année d’ingénieur


Jean-Baptiste Jouenne renchérit : « Avec le temps que l’on a en confinement, cela nous permet de nous rendre utile. Le personnel soignant peut ainsi avoir du matériel pour mener à bien son travail. Nous avons le sentiment de participer un peu à l’effort que tout le monde fait pour limiter au maximum la propagation du virus »
 

Pénurie d'équipements de santé

Cette surblouse est une innovation de l’ISPA. Elle a été créée en partenariat avec le Centre hospitalier intercommunal Alençon-Mamers (Chicam) qui a testé les prototypes et a apporté des modifications. Aujourd’hui, cinq services de l’hôpital l’utilisent quotidiennement pour traiter les cas de Covid-19, comme l’explique Sandrine Julienne, infirmière hygiéniste au Chicam :

Nous étions en pénurie d’équipement, il fallait trouver une solution. Avec les retours des équipes, nous avons créé cette surblouse qui s’enfile par l’avant afin de ne pas contaminer le visage. Cette surblouse est réutilisable, elle suit un cycle d’entretien au niveau de notre blanchisserie. Elle est lavée, séchée puis réutilisée.
Sandrine Julienne, infirmière hygiéniste au Chicam

 

Le point fort de cette surblouse est justement de pouvoir être réutilisée trois fois. Ce qui permet de mieux gérer le stock.

A l’ISPA, le process de production est rôdé. Soit la matière plastique est vierge et arrive directement dans l’extrudeuse qui par gonflage créé le film nécessaire à la fabrication de la surblouse. Soit, la matière plastique est recyclée.
 

"Le plastique peut aider à sauver des vies"

Car c’est là la belle idée de l’ISPA face au manque de matière première. Les surblouses en fin de vie sont décontaminées, placé dans un sac, renvoyée à l’ISPA et broyées en paillettes.

La matière que nous avons choisie à la particularité d’être réutilisable, de subir le protocole de décontamination sans aucun souci et c’est une matière qui est complètement recyclable. Dans notre process, nous n’avons aucun déchet. Tout fonctionne en circuit fermé. 
Franck Steunou, directeur de l’ISPA.


Depuis un mois, 5000 surblouses ont déjà été distribuées aux soignants, ainsi que 800 visières. Le directeur de l’Ispa se félicite de cette opération alors que la matière plastique a souvent mauvaise presse dans le contexte de la crise environnementale.

« Nous sommes ici dans un cercle vertueux. Le plastique peut aussi aider à sauver des vies ».

 



 
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