A partir de ce jeudi 30 septembre, la quasi-totalité de la ville d’Alençon sera limitée à 30 km/h. Après Grenoble, Rennes, Nantes, ou encore Paris, une autre ville normande, Sotteville-lès-Rouen, va généraliser l’expérimentation. La « zone 30 », juste une mode, ou une vraie mesure efficace ?
Alençon (Orne) possède 100 kilomètres de voiries, et c’est tout à fait pratique pour calculer. A partir de demain, jeudi 30 septembre, 86% de la ville passera en zone 30 (86 kilomètres, donc), contre 27% aujourd’hui. Concrètement, seuls les grands boulevards et les routes départementales restent limitées à 50 km/h. Ailleurs, il faudra lever le pied.
Joaquim Pueyo, le maire socialiste de la ville, énumère les avantages d’une telle mesure : "Cela va permettre le partage de l’espace public entre piétons, cyclistes, et automobilistes. Cela va augmenter la sécurité des usagers de l’espace public. Cela va diminuer la pollution."
Concrètement, il y aura quelques panneaux de signalisation, et surtout des marquages au sol horizontaux, "qui permettent d’éviter la pollution visuelle du panneau et qui ont une meilleure efficacité", explique Alain Limanton, conseiller municipal délégué à la voirie.
Ce sont les habitants eux-même qui ont demandé, lors de réunions publiques, une action pour réduire la vitesse des automobilistes afin de protéger enfants et personnes âgées. La solution retenue, étendre les zones 30, semble convaincre les quelques habitants rencontrés. Outre une automobiliste fustigeant "un interdit de plus, impossible à respecter", la plupart des alençonnais sont pour. "En ville, c’est bien », dit un automobiliste. "Ça évite d’avoir des chocs avec les piétons", estime une autre.
Est-ce que les gens roulent tout le temps à 30 km/h ? Non, mais globalement, la vitesse diminue.
De belles promesses donc… mais dans les faits, la limitation à 30 km/h est-elle vraiment efficace ? Une autre ville normande, Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), vient de dresser un premier bilan de premiers moi d'expérimentation.
En 2019, la limitation est testée dans un secteur délimité de la commune. Environ 1/3 du territoire est concerné par la mesure, avec un triple objectif : réduire la vitesse, renforcer la sécurité, mieux partager la rue entre tous les usagers. Un bilan a été présenté en juillet dernier. Verdict ?
- Impact sur la vitesse : pas un franc succès
"Est-ce que les gens roulent tout le temps à 30 km/h ? Non, mais globalement, la vitesse diminue", explique la mairie de Sotteville. Elle diminue, mais peu : environ 8 km/h en moyenne. Sur le secteur zone 30, la vitesse constatée est désormais de 42 km/h. "Les gens ne roulent plus à 50. C’est déjà une victoire. Cela peut paraitre modeste, mais en matière de bruit, c’est beaucoup".
- Impact sur la sécurité : reste à établir
"On constate moins d’accidents sur certains secteurs", assure-t-on à la mairie de Sotteville, même si pour l’instant les chiffres manquent. Mais dans la plupart des autres villes ayant adopté la limitation à 30 km/h, les données sont satisfaisantes : les piétons sont particulièrement épargnés par les accidents à Grenoble, à Bruxelles les accidents ont été réduits de plus de 20%.
- Impact sur les comportements : excellent.
L’envie initiale était de développer les « mobilités douces ». La mesure semble avoir porté ses fruits. "Le vélo s’est déployé, il y a plus de circulation sur certains axes. Et maintenant, les habitants nous demandent plus d’arceaux pour les attacher, ils nous demandent des installations cyclables". La limitation à 30 km/h des automobiles permet une circulation plus fluide des vélos.
Face à ce bilan, Luce Pane, la maire socialiste de la ville, a décidé de généraliser la mesure. Dès la fin 2021, deux autres secteurs verront pousser des panneaux et des marquages « zone 30 ». Sur la carte ci-dessus, on voit en rouge les seuls axes qui resteront à 50 km/h.