Une silhouette de vide se détache du coeur d'un rocher : c'est dans cette cavité que l'Alençonnais Abraham Poincheval, spécialiste des performances artistiques extrêmes, doit passer les sept prochains jours.
A 14 heures 30 ce mercredi, il s'est glissé dans un espace vide, creusé au coeur d'une roche. Une forme d'homme assis, bras en avant, taillée sur mesure dans une carrière près de Nancy sera son espace vital pour les 7 prochains jours. Les deux moitiés de l'énorme bloc de pierre de Volvic installé au sous-sol du Palais de Tokyo ont été réunis pour une semaine.
"Projet pour habiter une pierre" : c'est ainsi qu'Abraham Poincheval, âgé de 44 ans, a intitulé un dessin un peu naïf qui décrivait le dispositif de sa performance.
Belle performance en perspective au @PalaisdeTokyo Une semaine dans une pierre https://t.co/l7mksHIohG pic.twitter.com/i9M5kcIHut
— Guillaume Blanco (@GuillaumeBlanco) 22 février 2017
Pendant sept jours il ne va pas pouvoir bouger de plus de quelques centimètres. Il a emporté avec lui de la viande séchée et des briques de liquide. La lumière proviendra d'une lampe frontale. Seuls liens avec l'extérieur : un étroit conduit d'aération et
(en cas de problème) un téléphone de secours.
Pour assurer que tout ira bien, côté santé, un enregistreur du rythme cardiaque se charge de prendre ses constantes. Quant à l'évacuation des fluides et déchets, Abraham Poincheval n'entre pas dans les détails, mais il a suivi ces dernières semaines un régime de préparation pour ralentir son métabolisme.
Il s'agit d'"éprouver le temps du rocher", explique le performeur, qui n'en est pas à son premier enfermement. Il a déjà passé une semaine dans un trou sous une pierre d'une tonne et il reconnaît volontiers la dimension spirituelle et même mystique de ces défis. L'an dernier, il était resté perché à Rennes sur une plate-forme de 2 mètres carrés à 12 mètres de hauteur.
Prochaine "exploration" : une couvaison d'oeufs
Le 29 mars, toujours au Palais de Tokyo, il entamera la couvaison d'une dizaines d'oeufs de poule, "son premier travail avec du vivant". Il projette de rester 26 jours impassible sous une cape rigide en essayant de maintenir une température moyenne de 37 degrés, le tout filmé en vidéo 24H sur 24.En espérant l'éclosion de quelques poussins qui iront ensuite vivre chez ses parents en Normandie, Abraham Poincheval pourra réfléchir à son grand rêve : "marcher sur les nuages". "Cela fait cinq ans que j'y travaille, dit-il, mais ce n'est pas encore au point".