Il était jugé pour une sixième prise d'otages commise en prison, à Condé-sur-Sarthe (Orne) en 2019. L'avocat général avait demandé une peine de quatorze ans de détention supplémentaire. La cour d'assises de l'Orne l'a condamné à huit ans de réclusion.
Quel sens peut avoir une nouvelle peine de prison pour un homme déjà maintes fois condamné et voué à rester enfermé jusqu'en 2060 ? Francis Dorffer était poursuivi pour avoir enfermé deux surveillants dans une cellule alors qu'il participait à une distribution de repas en 2019 à Condé-sur-Sarthe.
Déjà cinq autres prises d'otages
À l'audience, Francis Dorffer a présenté ses excuses aux surveillants, précisant qu'il n'avait pas eu l'intention de commettre de violences. Il a expliqué qu'il voulait obtenir un changement de lieu de détention afin de se rapprocher de son fils. Comme pour se justifier, Francis Dorffer explique : "c'est la prison qui m'a éduqué".
Par le passé, il a déjà été jugé pour cinq autres prises d'otages, toutes commises en détention. En état de récidive, il risquait la réclusion à perpétuité. L'avocat général a requis 14 ans de réclusion en soulignant que l'accusé est "un multirécidiviste qui doit être puni pour ce qu'il a fait".
"Je rappelle que Francis Dorffer a été condamné pour un seul crime de sang, plaide son avocat, Me Thomas Hellenbrand. Il a déjà intégralement purgé sa peine pour ce crime. Il n'est plus détenu que pour des prises d'otages qui sont des appels au secours et au cours desquelles aucune goutte de sang n'a été versée."
Déjà 24 années de détention
Francis Dorffer est entré en prison à l'âge de 16 ans pour le viol d'un jeune homme dans un foyer d'accueil et des affaires de vol avec violence. En 2003, il a été condamné à 30 ans de réclusion pour l'assassinat d'un codétenu.
S'ajoutent les peines accumulées pour les prises d'otages commises depuis 2006. Avant le procès d'Alençon, Francis Dorffer n'était théoriquement pas libérable avant 2060.
Les jurés l'ont finalement condamné à huit ans de réclusion pour les faits commis en 2019. À l'énoncé du verdict, l'accusé est resté de marbre, sans doute à la fois résigné et accablé.
Après les réquisitions de l'avocat général, son avocat avait fait les comptes : "Ajouter de la prison à un détenu libérable en 2060, cela voudrait dire qu'il sortirait en étant presque centenaire. C'est une hérésie. C'est frappé de l'absurde."