Dans un livre publié à compte-d'auteur, Delphine Salmon raconte sa jeunesse brisée par un dramatique accident de la route, et sa vie d'après, faite de rééducation, d'opérations. Dix-sept ans après, son corps et son esprit restent meurtris. En témoignant, elle veut "faire réfléchir".
Elle tient debout grâce à une canne tripode, mais elle marche. Delphine Salmon ne veut pas entendre parler de fauteuil roulant. Depuis dix-sept ans, sa vie a été un combat de tous les jours. Elle a lutté sans relâche contre les sequelles de l'accident, pour reconquérir son autonomie, avec une force de caractère qui faisait d'elle une sportive accomplie. Cet après-midi d'hiver, elle s'avance vers ce funeste pylône electrique : "c'est ici que ma vie s'est arrêtée. Mes deux amis sont morts. Moi je faisais du basket, de la course à pieds. Je voulais entrer dans la gendarmerie ou dans la police. Mais quand je me suis réveillée du coma, j'ai du repartir de zéro".
Le samedi 17 avril 1999, à deux heures du matin, la R 25 à bord de laquelle elle avait pris place termine sa course contre un poteau électrique, à la sortie d'une légère courbe, entre Alençon et le Mêle-sur-Sarthe, sur la commune de Hauterive. Guillaume et Bernard, qui étaient à l'avant, sont tués sur le coup. Delphine - qui dormait à l'arrière ? (ses souvenirs son confus) - est éjectée du véhicule. Elle sombre dans le coma en arrivant à l'hôpital. C'est un accident tristement banal. La voiture roulait très vite. "On aimait l'adrénaline admet Delphine. On avait 19 ans. Rien ne pouvait nous arriver".
Dix-sept ans après ce 17 avril, Delphine a eu un déclic. "J'ai eu besoin du tout raconter". La jeune femme a reconstruit une autre vie. Elle habite aujourd'hui près du Mans où elle est devenue maman. Mais sa vie est conditionnée par son handicap. "Je fais tout au ralenti". Et tout ramène à l'accident. "J'y pense tous les jours. Je n'ai jamais rien oublié. Je pense à mes deux amis qui sont décédés et qui sont aujourd'hui mes anges-gardiens. Je suis fier d'avoir pu raconter mon histoire. Et puis j'ai besoin de me sentir utile. Si je peux aider les autres, et faire réfléchir..."
Le reportage de Pierre-Marie Puaud et Stéphanie Lemaire :
Le dix-sept est en vente au magasin le Mag-Presse au Mêle-sur-Sarthe, à la librairie le Passage à Alençon, et à la librairie Thuard au Mans.