Il fait figure de résistant parmi les festivals littéraires. Celui d'Alençon, Poésie & davantage, a bien lieu ce week-end. Une deuxième édition maintenue malgré la crise sanitaire, qui ravit son directeur artistique, Remi David. Entretien.

Pourquoi a-t-on besoin de poésie, particulièrement en ce moment ?
La poésie c'est l'inverse de l'actualité immédiate et de l'information qui nous est livrée en pâture. C'est un autre langage que l'information qui nous submerge et nous étouffe parfois depuis plusieurs mois. Nous sommes rivés à nos téléphones, aux dernières nouvelles du virus. C'est très anxiogène.
La poésie est un langage qui fonctionne par le détournement de l'image, elle fait appel à notre imaginaire et c'est pour cela qu'elle arrive à nous toucher au plus profond de nous-mêmes. Elle traite de la nature, de l'amour, de l'enfance, de nos rêves... des sujets qui sont essentiels et qui finalement sont très peu abordés.
 

La poésie c'est l'inverse de l'actualité immédiate et de l'information qui nous est livrée en pâture.

Rémi David, directeur artistique du festival



Pourquoi les salons consacrés à la poésie sont moins fréquentés que les salons littéraires plus larges ?
La poésie ce n'est pas quelque chose d'hermétique qui est reservé aux personnes qui ont fait 10 ans d'études. Il faut oser venir et écouter les textes qui sont lus.
Je me souviens que l'an dernier, une personne qui n'y connaissait rien, était venue par curiosité écouter des textes. Elle était très étonnée du plaisir qu'elle avait pris. 
Les poètes que nous invitons ne parlent pas que des arbres et des petits oiseaux, je sais que c'est l'image d'Epinal qui colle à la poésie. Ils parlent de choses qui sont en prise avec la société, avec le monde comme il va.
Par exemple cette année nous recevons Maram al-Masri, une poétesse syrienne qui évoque le kidnapping de son enfant. 
 

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La poésie se vend-t-elle ?
Malheureusement très mal. Il y a plus de gens qui écrivent de la poésie que de personnes qui en achètent. On en parle très peu dans la rentrée littéraire. Et quand on en parle, c'est parce que c'est un auteur de roman connu qui s'y est aventuré, comme par exemple Michel Houellebecq.

Mais la poésie peut être aussi dans la langue utilisée par certains écrivains et c'est pour cela que notre festival s'appelle "Poésie et davantage", nous mêlons les formes et les regards sur la poésie. Par exemple cette année, nous accueillons celui qui est considéré comme l'un des maîtres de la science-fiction française, Alain Damasio. Il y a aussi Joseph Pontus avec son roman "A la ligne" écrit en vers libres. Il évoque son quotidien d'ouvrier intérimaire dans les conserveries de poissons et les abattoirs bretons. Il y aussi une rencontre avec Miss. Tic, la plasticienne, grande figure du street art, dont on ne présente plus les célèbres pochoirs qui ornent les murs de Paris.

 
Poésie et davantage, mode d'emploi
Poésie et davantage, c'est ce samedi 17 octobre 2020 à halle aux toiles d'Alençon. Un festival parrainé par Yvon Le Men, prix Goncourt de la poésie 2019

Cette année, Covid-19 oblige, pas de déambulation de stand en stand pour rencontrer les auteurs.  Les visiteurs sont assis et assistent aux rencontres et lectures en mode conférence. Possibilité de faire dédicader son livre ensuite mais avec un masque et derrière un écran de protection. 
 
Ne manquez pas la soirée inaugurale "Philosophie de la poésie" par Michel Onfray, ce vendredi 16 octobre à 18h.
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