Alors que l'ANSES a récemment estimé que certaines substances chimiques détectées dans les couches jetables pouvaient présenter des "risques" pour la santé, la maternité d'Alençon vient de les bannir. Désormais, seules les couches lavables sont autorisées.
La maternité d'Alençon enregistre chaque année un bon millier de naissances. Et pour protéger les fesses de tous ces nouveaux nés, elle utilisait pas moins de 6600 couches jetables tous les ans. Soit sept tonnes de déchets. Mais depuis le 4 février dernier, les poubelles sont (quasi) vides. La couche jetable n'est désormais employée que pour le tout premier change (et le retour à la maison). Puis les couches lavables prennent le relais.
Les couches lavables, une démarche de développement durable
La maternité d'Alençon est la première en Normandie à franchir le pas (et la seconde en France, après Strasbourg). L'occasion s'est présentée quand le marché public avec une très célèbre marque de couches jetables est arrivé à son terme. "C'est venu parce qu'une maman est venue avec ses propres couches", raconte Véronique Godefroy, sage femme au centre hospitalier d'Alençon, "on avait trouvé que c'était assez agréable, plaisant, et puis, la démarche de développement durable, c'était un peu notre philosophie."Des substances chimiques dans les couches jetables
Une démarche bonne pour l'environnement mais aussi pour la santé des bébés. Le 19 janvier dernier, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a dévoilé publié une étude sur les risques potentiels liés aux couches jetables. Ces changes contiennent plusieurs substances chimiques, des substances dépassant les seuils sanitaires recommandés. Si l''Anses reconnaît qu'il "n’existe aucune donnée épidémiologique permettant de mettre en évidence une association entre des effets sanitaires et le port de couches", elle indique également que "il n’est pas possible d’exclure un risque sanitaire lié au port des couches à usage unique".Cinq questions sur la présence de substances à risque dans les couches pour bébés, révélée par l'Anses
L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a identifié une soixantaine de substances chimiques dans 23 couches pour bébé. Des parfums, des polluants et du nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) révèle, mercredi 23 janvier, glyphosate.
Si l'argument "santé" est imparable auprès des parents, certains d'entre-eux peuvent redouter les contraintes générées par les couches lavables au quotidien. Mélina Lalu a donné naissance le 4 février dernier au petit Marin, son quatrième enfant. Avec le petit dernier, elle a dû changer ses "habitudes". "J'étais réticente au départ parce que j'avais l'impression que c'était beaucoup de contraintes, surtout les premiers jours parce qu'avec les premières selles j'avais l'impression de faire que ça de le changer. Je m'interrogeais sur le stock. Mais là c'est bon. J'ai même réussi à convaincre le papa."
Des couches "sociales" ?
Pour l'hôpital, cette démarche a un coût : 770 euros en plus par mois (car les maternités bénéficient de contrats avantageux avec les marques de couches jetables).Les 6600 couches jetables ont été remplacées par 400 modèles lavables. Mais une fois utilisées, il faut les nettoyer.
Cette mission est confiée à l’association l’Atre (l'atelier tremplin pour la réinsertion et l’emploi) qui emploie sur ce projet deux personnes en insertion professionnelle, deux personnes chargées de collecter et nettoyer les couches le temps de faire une formation et de retrouver un emploi. A la sortie de la maternité, les parents peuvent recourir aux services de l'association. L'Atre loue les couches, les lave et les rapporte à domicile. Et ça leur coûte deux à trois fois moins cher que des couches jetables.