Prix d'Amérique : l'usine à champions de l'écurie Souloy

Deux des favoris de la plus grande course de trot au monde sont préparés par Fabrice Souloy : "Ampia Mede et Gu d'Héripré sont prêts", dit-il. Cette année encore, le sorcier ornais joue la gagne.

Il fait encore nuit en ce petit matin d'hiver. Le froid est mordant. Fabrice Souloy passe devant les boxes du haras de Ginai où piaffent ses protégés. Il jette un rapide coup d'oeil à une liste accrochée au tableau. C'est le menu du jour. Quinze chevaux à faire travailler avec un programme à la carte pour tenir compte de l'état de forme et des objectifs de chacun.

Les premiers de corvée se préparent déjà à entrer en piste. Les cracks ont leur lad attitré. C'est l'une des clés de la réussite dans les grandes écuries. Il faut nouer un lien intime, connaître les humeur et le caractère de l'animal.

Deux cracks au caractère bien trempé

C'est ainsi que Gu d'Héripré commence toujours par aller faire un petit tour au paddock, histoire de se dégourdir les jambes. La maison a maintenant bien cerné le personnage. C'est un cheval plein de vie, facétieux qui a besoin de respirer. "Un top cheval, très intelligent. Un champion", résume Luca qui s'occupe de lui chaque jour. Gu d'Héripré mordille la manche de son blouson, comme pour lui signifier qu'il est temps d'y aller.

Dans un box voisin, Ampia Mede est d'un calme olympien. Cette élégante jument italienne âgée de 8 ans surveille toutefois le visiteur du coin de l'oeil. "Elle est gentille comme tout, mais c'est une dame qu'il ne faut pas embêter, sourit Sébastien qui veille sur elle au quotidien. Elle n'aime pas qu'on l'embête et elle sait faire comprendre quand quelque chose lui plaît pas". Si elle est bien disposée, Ampia est une redoutable compétitrice. "C'est une lutteuse qui met tout son soeur sur la piste".

Cette année encore, Fabrice Souloy est l'un des entraîneurs les plus performants. L'écurie compte une vingtaine de chevaux confiés par des propriétares. Elle totalise 40 victoires ces douze derniers mois. Le 21 janvier, Gold Voice a disputé le prix de Cornulier, la plus prestigieuse course de trot monté. Fabrice Souloy aura deux chevaux compétitifs au prix d'Amérique ce 28 janvier.

Le revanche après le tourbillon

Cet hiver, Gu d'Héripré a du feu dans les jambes. Il s'est brillement qualifié en dégageant une impression de puissance qui a marqué les esprits. Ampia Mede, qui s'est classée deuxième l'année dernière semble aussi en grande forme. Fabrice Souloy ne le dira pas, mais une victoire aurait comme un goût de revanche...

En 2016, l'entraîneur ornais a été embarqué dans le tourbillon de l'affaire du cobalt, une substance retrouvée dans le sang de plusieurs de ses chevaux en France, en Norvège et en Suède. Bien qu'ayant toujours contesté avoir voulu doper les chevaux, les sanctions ont été sévères. En France, il n'a récupéré sa licence d'entraîneur qu'en 2021.

L'homme est économe de mots, mais il avait alors pris la parole dans les colonnes du Parisien : "Cinq ans, c’est très long ! C’était une période très difficile à vivre, mais j’ai pu compter sur mon père, qui est malheureusement parti en octobre, ma mère ainsi que ma sœur et mon beau-frère. Ils m’ont aidé à tenir le coup", déclarait-il. Pendant sa suspension, la fonction d'entraîneur était occupée par son beau-frère, Philippe Billard qui gère le haras de Ginai à ses côtés.

"Il voit des trucs qu'on ne voit pas, ça ne s'explique pas".

Après quelques minutes d'échauffement, les champions testent leur vitesse en ligne droite. Gu d'Héripré donne l'impression que la course est d'abord un jeu. Ampia Mede travaille avec application. Fabrice Souloy drive un autre cheval, ce qui lui permet de jauger ses crack avec un peu de recul. "Il voit des trucs qu'on ne voit pas, confie un apprenti de l'écurie, plein d'admiration. Ils ne sont pas nombreux comme ça. Il sent des choses. C'est quelque chose qui ne s'explique pas".

Les chevaux en terminent avec leur travail du jour, ruisselants de sueur. Le reste de la journée sera consacrée aux soins. Bichonages en règle. "Gu, c'est bien, Ampia, c'est bien. Ils ont une belle chance", résume Fabrice Souloy. Sa fille Emma Souloy qui s'est fait un prénom en tant que jockey ajoute : "On sait que le boulot a été fait. On les a amenés au mieux à la course. Après, les drivers, c'est la touche finale". L'entraîneur est alors un spectateur qui croise les doigts.

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