"Des collègues appellent au secours, ils sont au bord de la faillite". Une maison de retraite mise en vente sur Leboncoin

Un Ehpad en vente sur Leboncoin. C'est le moyen trouvé par la Fehap (fédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne) pour alerter le grand public sur la situation financière critique des maisons de retraite. 75% des établissements adhérents ont bouclé 2023 en déficit.

C'est une annonce tout ce qui est de plus normal sur le site de vente en ligne LeBonCoin. Un hôtel particulier situé à Flers (Orne) est affiché au prix de 500 000 euros. S'ensuit une description de ce "superbe bien immobilier": un parc de 2 hectares, + de 80 chambres, 50 salles de bain...".

De quoi interloquer un peu l'internaute, surtout que la suite de l'annonce détaille que le bâtiment est "l'ancien Ehpad Jean-Baptiste Lecornu, rénové il y a un an". S'ensuit une précision sur les raisons de la vente : "N'ayant plus les moyens d'accueillir son public, il est mis en vente".

Alerter le grand public sur la situation critique des Ehpad

Cette offre, qui peut sembler alléchante pour un investisseur, est en réalité fausse. Il s'agit d'une campagne de communication orchestrée par la Fehap (fédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne - établissements privés solidaires) et la Fondation Normandie Générations. Cette dernière gère 43 maisons de retraite privées associatives dans la région, dont celle de Flers depuis 2022. 

Les annonces de vente des établissements, c'est une alerte pour sensibiliser, car dans quelques mois, ce ne sera plus des mises en vente factices, ce sera la réalité !

Didier Chesnais, Directeur général de la Fondation Normandie Générations

En 2023, pour la première fois, deux tiers des Ehpad gérés par la Fehap ont bouclé l'année en déficit financier, sur 5 700 structures au total. "On alerte depuis plusieurs années", se désole Didier Chesnais, directeur général de la Fondation Normandie Générations. Le ministère de la Santé a répondu par la création d'un fond d'urgence, une dotation pour pallier les problèmes de trésorerie, mais pour le dirigeant, c'est "largement insuffisant par rapport aux besoins. C'est une rustine, du rafistolage, mais il faut prendre le problème à la racine : le financement de l'État doit augmenter". 

Les maisons de retraite privées associatives n'ont pas vocation à réaliser de bénéfices. Elles sont financées par une dotation financière de l'ARS, des subventions départementales et les versements des résidents. "Il faut réfléchir ensemble à un nouveau mode de financement, avec une part plus importante de l'État, des départements, pour ne pas trop impacter le prix de revient aux familles", suggère Didier Chesnais.

L'avenir de la profession et des personnes âgées en jeu

Ses plus grandes craintes : que des familles se retrouvent à terme sans solutions pour leurs aïeux, et que les salariés fuient le secteur. "Nos salariés ne sont déjà pas suffisamment rémunérés au regard de leurs responsabilités et de leur travail. Comme les métiers n'attirent pas, il y a des vacances de poste plus importante. Alors, on sollicite les sociétés d'intérim, et ça génère un coût supérieur au budget classique".

Dans la prise en charge du grand âge, le serpent se mord la queue. D'autant plus depuis la crise sanitaire, suivie de fortes inflations sur les prix de l'énergie, l'alimentation et l'hygiène. "Le grand âge n'est jamais une priorité, la situation va nous péter à la figure", promet Didier Chesnais, tout en appelant l'État à l'aide pour sauver les maisons de retraite.

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