Les Centres de Santé Mobiles sont l'une des réponses apportées aux déserts médicaux. Au sud de Dieppe, un "médicobus" se déplace au plus près des patients dans les petites communes rurales. Les consultations sont assurées par des médecins généralistes à la retraite.
Un "médicobus" a fait son apparition ces jours-ci sur les routes de la campagne dieppoise. Ce mardi 2 avril, il s'est garé devant la petite mairie de Saint-Vaast-d'Equiqueville en Seine-Maritime. À son bord, un médecin et son assistante, et dans ses flancs, un cabinet médical ambulant.
À peine le temps d'installer les appareils médicaux dans une salle de cette commune de 735 habitants, qu'un patient arrive pour la première consultation du jour.
Cinq ans sans voir un médecin
Ce matin-là, Didier Lefèvre, un homme de 74 ans, arrive un peu confus à son rendez-vous médical. Il faut dire que l'homme n'a pas vu de docteur depuis cinq ans, date à laquelle son médecin traitant a pris sa retraite.
Le patient est d'abord reçu par une assistante, qui va tenter de retracer avec lui ses antécédents médicaux, ce qui n'est pas une mince affaire quand on a cessé de s'intéresser à sa santé depuis si longtemps.
Le docteur Jean-Claude Brétéché intervient ensuite pour la consultation. S'il est aujourd'hui retraité, cet ancien médecin généraliste connaît bien les difficultés rencontrées dans ces territoires ruraux, lui qui a exercé son métier à quelques kilomètres de là, à Arques-la-Bataille.
Quand je suis parti à la retraite, malheureusement je n'ai pas trouvé de successeur. Quand on m'a proposé de participer à cette action, j'ai accepté en disant que ça pourrait rendre service.
Jean-Claude Brétéché, médecin généraliste à la retraite
Ce dispositif de santé mobile est accessible uniquement sur rendez-vous. La consultation de ce premier patient va durer près d'une heure, un temps nécessaire pour toutes ces personnes qui ne bénéficient pas d'un suivi régulier de leur santé.
Priorité aux patients sans suivi médical
Dix médecins ont intégré le dispositif, qui s'adresse en priorité aux personnes sans médecin traitant ou sans aucun suivi médical, ainsi qu'aux patients en ALD, affection longue durée.
Ce service vient en complément du maillage de généralistes de ce territoire rural, qui compte 6 000 praticiens pour 164 000 habitants.
Dans la région dieppoise, les patients en ALD sont quatre fois plus nombreux que la moyenne nationale d'après Julien Coquais, le directeur général de l'association Appui Santé Caux-Bray-Albâtre, qui porte ce projet avec l'ARS Normandie.
Ces 25% de patients atteints d'affections longue durée, ce sont des patients vieillissants, donc on est vraiment face aujourd'hui à des patients dans une précarité financière, une précarité de mobilité et d'accès aux soins.
Julien Coquais, directeur général Appui Santé Caux Bray Albâtre
Les prises en charge sont donc assurées exclusivement sur rendez-vous, en appelant le 07 44 91 70 03 (du lundi au vendredi, de 08h30 à 17h30).
Chaque semaine le bus va sillonner six communes du bassin dieppois : Le Mesnil-Réaume, Saint-Vaast D'Equiqueville, Arques-la-Bataille, Etalondes/Eu, et Saint-Martin-le-Gaillard. L'expérimentation va durer trois ans.