Sujets sensibles, l’IVG et la fin de vie demandent pourtant un accompagnement particulier des patients. Voici deux initiatives qui visent à améliorer les prises en charge
L’avortement et la fin de vie sont deux sujets qui ne sont pas toujours faciles à appréhender. Les tabous, la peine ou des situations compliquées ne permettent pas toujours une prise en charge de qualité. Le manque de soignants accentue encore les difficultés, mais des professionnels se mobilisent pour apporter aux patients l’attention dont ils ont besoin.
Tout l’été, découvrez des Normands qui se mobilisent pour maintenir une offre de santé sur tous les territoires. Des articles à retrouver chaque lundi sur notre site internet.
Marianne Lainé : améliorer la prise en charge des femmes lors d’une IVG
En France, l’accès à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) est garantie par la “Loi Veil” depuis le 17 janvier 1975. En 2018, ce sont plus de 220 000 femmes qui ont eu recours à cette intervention légalement, soit 15 IVG pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans en métropole. (Rapport d’information sur l’accès à l’interruption volontaire de grossesse)
Si les chiffres montrent que ce droit est bien acquis, ils cachent pourtant une réalité plus complexe sur le terrain. Aujourd’hui, l’avortement n’est pas toujours bien accepté par la société et le recours à l’IVG reste un parcours compliqué et angoissant pour les femmes.
Pour Marianne Lainé, médecin généraliste, il y a encore beaucoup de chose à mettre en place pour mieux accompagner les femmes dans ce moment difficile. C’est pour cette raison qu’elle a participé à la création de l'Institut Simone Veil à Rouen qui accompagne les patientes, de la découverte de la grossesse, jusqu'à l’acte médical, voire au-delà si c'est nécessaire.
Les femmes ont besoin d’une information la plus précoce possible pour bien appréhender cette épreuve. Nous apportons une prise en charge globale des patientes. Nous sommes en lien avec des psychologues, des avocats et nous proposons aussi des groupes de paroles post IVG
Marianne LainéMédecin Généraliste Experte en gynécologie
Les retours des patientes qui ont fréquenté le centre sont très positifs : un lieu discret où elles ne sont pas jugées et pleinement accompagnées.
Retrouvez l'interview de Marianne Lainé en vidéo ci-dessous :
Pour avoir plus d'information sur l'Institut Simone Veil, rendez-vous sur ce site internet.
Jean-Bernard Demontrond : pour un meilleur accès aux soins palliatifs
C’est un médecin pas tout à fait comme les autres. Jean-Bernard Demontrond exerce au sein du service d’Hospitalisation à Domicile (HAD) de la Côte Fleurie. Pas de cabinet, ni de chambre pour cette équipe de soignants qui s’occupent de leurs patients chez eux, à leur domicile. Si ce service prend en charge toutes sortes de pathologie, l’hospitalisation à domicile est régulièrement mise en place pour des patients très âgés ou atteints de maladies grave.
Depuis qu’il exerce en HAD, Jean-Bernard Demontrond est souvent confronté à la fin de vie, et il fait un constat terrible. En 2018, sur 600 000 décès, seules 100 000 personnes ont bénéficié de soins palliatifs, un ensemble de traitements qui permettent de soulager les malades. Et trop fréquemment, les derniers jours du patient n’ont pas été anticipés. Pour Jean-Bernard Demontrond, c’est un véritable échec.
On ne devrait plus avoir besoin d’appeler les familles pour leur demander ce qu’on doit faire quand la situation est grave. Pour le patient, le passage aux urgences est un traumatisme, et pour les proches, c’est difficile de répondre à cette question sans y avoir pensé avant.
Jean-Bernard DemontrondMédecin praticien - Hospitalisation à Domicile
Mais dans ce contexte de manque de soignants, il n’est pas toujours facile pour les équipes de prendre le temps d’écouter les malades ou les proches. Pourtant, des questions importantes se posent : le patient souhaite-t-il finir ses jours chez lui, quand mettre en place les soins palliatifs, etc… C’est pour répondre à ce besoin d’écoute et de respect de la volonté du patient que le dossier dormant (aussi appelé évaluation anticipée) a été mis en place dans les Ehpad : un document qui met noir sur blanc les désirs du patient et qui peut être renseigné avant que la situation ne devienne critique. Jean-Bernard Demontrond précise d’ailleurs que rien n’est gravé dans le marbre. Les volontés du malade peuvent évoluer avec le temps et le document peut être modifié à tout moment.
Le médecin ajoute que, souvent, le simple fait d’avoir écouté le patient installe une sérénité face à un avenir qui ne laisse que peu d’espoir. Il rappelle aussi que la mise en place des soins palliatifs qui soulage les malades en fin de vie, ne se fait pas que sur du court terme. Il s’agit parfois d’accompagnement qui peut durer plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
Retrouvez l'interview de Jean-Bernard Demontrond en vidéo ci-dessous :
Plus d'informations sur l'hospitalisation à domicile sur cette page et sur le site internet de l'HAD de la Côte Fleurie.