Nouvelle condamnation pour le naturopathe Bernard Sainz. Aussi connu sous le surnom de Docteur Mabuse, il vient d'écoper d'une peine de prison d'un an ferme sous bracelet pour "aide ou incitation à l'utilisation de substances ou méthodes interdites dans le cadre d'une manifestation sportive". Le praticien ornais va faire appel.
Qu'il est loin le temps de la gloire aux côtés des Poulidor, Guimard, Hinaut et autre Fignon. Bernard Sainz est désormais davantage présent dans les tribunaux et les colonnes judiciaires des journaux qu'auprès des pelotons. Celui que l'on surnomme Docteur Mabuse, et qui fut le gourou des plus grands cyclistes français des années 70 et 80 vient d'être à nouveau condamné pour une histoire liée au dopage.
Tantôt homéopathe, tantôt naturopathe ou encore physiothérapeute, le septuagénaire s'est vu infliger une peine d'un an de prison ferme, à effectuer sous bracelet électronique ce lundi 17 janvier par le Tribunal correctionnel de Paris. En novembre dernier, il avait comparu devant cette juridiction pour "exercice illégal de la médecine en état de récidive légale, exercice illégal de la profession de pharmacien, ainsi qu'aide et incitation à l’utilisation de substance ou méthode interdite par des sportifs dans le cadre d’une manifestation sportive en état de récidive légale".
Il a aussi été condamné à cinq ans d'interdiction de profession en lien avec le secteur de la santé et du sport et doit payer des amendes d'un montant total de 41.500 euros à la Fédération française de cyclisme (FFC), à l'Ordre des médecins et à l'Ordre des pharmaciens.
Une enquête journalistique à l'origine du procès
Les faits qui lui sont reprochés portent sur des conseils de dopage promulgués à des cyclistes entre 2013 et 2017. Une récidive après une première condamnation en 2014 à deux ans de prison dont vingt mois avec sursis pour incitation au dopage et exercice illégal de la médecine, et une deuxième en 2019 à 12 mois de prison ferme et 2000 euros d'amendes dans une affaire de dopage dans le monde du cyclisme amateur et semi-professionnel.
A l'origine de ce nouveau passage devant le juge, le magazine Cash Investigation. Lors du reportage intitulé "Le Dopage roule toujours" diffusé en juin 2016, le naturopathe conseillait à un coureur de prendre de l'EPO, du Diprostène (corticoïdes) et du Clenbuterol. Face à Elise Lucet, il avait nié en bloc, mais l'histoire avait attiré l'attention des des gendarmes de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp).
Sainz contre-attaque, la FFC soulagée mais résignée
Quelques instants après la décision du tribunal en début d'après-midi, la Fédération Française de Cyclisme s'exprimait avec une pointe de résignation via son avocat Me Paul Mauriac. "Il y a trente ans que nous le connaissons, qu'il abîme le sport cycliste, qu’il incite, aide, facilite des jeunes ou des moins jeunes à se doper. Et il sévit toujours. Le mal est fait, il est irréversible. M. Sainz est un chat qui retombe toujours sur ses pattes, malheureusement".
Un félin qui ne perd jamais son aplomb, qui a toujours dénoncé un "acharnement judiciaire. Je suis déçu d'être condamné pour avoir servi la cause des patients en leur donnant une pleine santé". Bernard Sainz a indiqué à nos confrères de l'AFP qu'il comptait faire appel. "La sanction n'est pas définitive", a déclaré l'homme de 78 ans, précisant qu'il irait jusqu'en cassation s'il le fallait. L'affaire n'est pas terminée.