Le maire de Flers qui préside le Conseil National de la sécurité routière juge que la mesure entrée en vigueur cet été porte ses fruits. Yves Goasdoué attribue le recul de la mortalité routière à la baisse de la vitesse moyenne des automobilistes. N'en déplaise aux détracteurs des 80 km/h...
Il le reconnaît volontiers : avant de s'intéresser vraiment au sujet, il se serait probablement rangé dans le camp de ceux qui pensent que la limitation à 80 km/h a d'abord pour vertu de faire flasher les radars. "J'aurais dit, comme Pompidou en son temps, qu'il faut foutre la paix aux Français !" Depuis le 23 janvier 2017, Yves Goasdoué préside le Conseil National de la sécurité routière. "J'ai toujours fait beaucoup de kilomètres. Je pensais tout savoir sur le sujet"...
Le modèle mathématique se vérifie partout dans le monde. Le nombre de morts est corrélé à la vitesse moyenne constatée.
C'est en compulsant les statistiques, les études sur l'accidentologie qu'il s'est rendu à l'évidence : oui, il existe bien un lien entre la gravité et le nombre des accidents et la vitesse. "Le modèle mathématique se vérifie partout dans le monde. Le nombre de morts est corrélé à la vitesse moyenne constatée". C'est ainsi qu'il a fini par se ranger dans l'autre camp, celui qui soutient la limitation à 80 km/h. "Je soutiens le premier ministre Edouard Philippe. S'il s'est battu pour faire passer cette mesure impopulaire, c'est qu'il a vraiment travaillé le sujet".
Les 80 km/h ont déjà fait reculer l'insécurité routière
"Depuis quatre ans, nous étions sur un plateau. Nous ne parvenions plus à faire reculer le nombre de tués sur les routes". La tendance s'est inversée cette année, pour se confirmer cet été : "La baisse du nombre de tués n'est pas directement liée à la nouvelle limitation de vitesse. Elle est due au fait que les gens ont levé le pied. Personne n'a jamais pensé que les gens allaient rouler à 80. Ils sont plutôt à 87, 88 quand ils étaient à 96 ou 97".
Yves Goasdoué est aujourd'hui convaincu qu'il faut aujourd'hui faire baisser la vitesse de chaque automobiliste. "On pense qu'il faut d'abord faire la chasse aux chauffards. C'est ce que je disais aussi. Bien sûr qu'il faut le faire. Mais comme en épidémiologie, il faut vacciner les bien-portants pour faire reculer la maladie. C'est à dire qu'il faut convaincre tous les gens qui conduisent normalement de lever le pied".
Les radars rapportent 1 milliard. Les accidents coûtent 25 milliards
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"Est-ce que vous croyez vraiment qu'un gouvernement prendrais une mesure aussi impopulaire pour faire entrer quelques centaines de millions d'euros dans les caisses ? " interroge Yves Goadoué. Dans le projet de loi de finances 2019, les recettes liées à l'exploitation des radars automatiques dépasseront le milliard d'euros. Un chiffre record, certes, que le président du conseil national de la sécurité routière met en rapport avec un autre, vertigineux : "le coût des accidents de la route, entre les hospitalisations, les indemnisations, c'est 25 milliards par an". Et ce chiffre ne dit évidemment rien de ce que coûtent ces drames de la route en vies brisées, en familles endeuillées.