Suicide d'un cadre de l'hôpital de Flers : "On avait annoncé qu'il y aurait un drame. Tout le monde est resté sourd"

Un cadre de l'hopital de Flers a mis fin à ses jours le 22 août sur son lieu de travail. Une enquête interne va être menée pour déterminer si cet acte à un lien avec ses conditions de travail. Pour ses collègues et certains représentants du personnel, il n'y a aucun doute.

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C'est dans un bâtiment désaffecté du pôle psychiatrique de l'hôpital de Flers qu'un cadre de santé a mis fin à ses jours le 22 août dernier. "Ce n'est pas anodin qu'il ait fait son passage à l'acte au sein de l'hôpital, ça faisait des mois qu'il se plaignait des conditions de travail qu'on subissait tous", affirme Francine Fourmentin, une de ses amies et collègues, elle-même cadre de santé. "Il y a une chose qui est certaine, c'est qu'il n'y a vraisemblablement pas de lien entre l'acte et le contexte actuel de l'hôpital", estime, pour sa part, David Trouchaud, le directeur de l'établissement, "en revanche, il conviendra de déterminer si l'acte de l'intéressé est lié à son travail."

La famille du disparu, à qui il a laissé un mot d'excuse avant de mettre fin à ses jours, souhaite que ce suicide soit reconnu comme un accident du travail. Pour ses collègues et certains représentants du personnel, ce drame est clairement un cas de mal-être au travail. Et la situation de l'établissement est pointée du doigt. "C'est plus que le pôle psychiatrique, c'est tout l'hôpital qui va mal et les cadres sont les premiers touchés. Je pense aussi aux personnes qui sont en proximité avec les patients, qui effectivement subissent les directives insensées de la direction et de l'ARS (Agence Régionale de Santé)".

On est en train de les broyer, de les épuiser


L'hôpital de Flers, l'un des plus endettés de France, doit faire des économies. Le 16 juillet dernier, le personnel de l'établissement manifestait contre la dégradation de ses conditions de travail.  "Aujourd'hui, on a eu une suppression de postes, on a des agents qui sont à bout parce que nous avons un turn-over très important. Il faut encadrer les nouveaux qui arrivent. En plus, nous avons cumulé un nombre d'arrêts très important, des arrêts qui ne sont pas remplacés, des personnes qui sont en arrêt pendant des semaines et on nous annonce aucun remplacement", raconte Francine Fourmentin, "Lors de la formation des cadres, on nous dit : prenez soin de vos équipes, accompagnez-les, tirez-les vers le haut. Mais là, ce n'est pas ce qu'on fait. On est en train de les broyer, de les épuiser."

Selon la professionnelle de santé, les patients patissent également de cette situation. "Les personnels, en psychiatrie en tout cas,  doivent être bien pour prendre en charge nos patients. On fonctionne essentiellement avec la parole, avec le prendre soin de l'autre. Si on est mal dans son travail, on ne peut pas apporter ce réconfort, cet accompagnement. (...) On perd au niveau de la qualité car on ne peut pas avoir la même écoute des patients."

La violence existe dans tous les services


Une cellule médico pyschologique a été mise en place pour accompagner les personnels après le drame survenu la semaine dernière au sein de l'établissement. Selon Francine Fourmentin, cet accompagnement aurait dû être mis en place bien plus tôt. "On sait très bien que la violence verbale, physique, avec parfois des menaces de morts, existe dans tous les services. On la cantonne souvent aux urgences mais ça existe aussi en maternité, en gynécologie", assure la cadre de santé, "J'ai demandé à ce qu'on travaille à une procédure pour que quand ça se produit, on puisse les prendre en charge. Rien n'a été fait. On aura à nouveau des drames et on ne saura pas prendre en charge nos professionels. Ça amène aussi de l'épuisement professionnel."


 
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