Gérald Darmanin va demander la dissolution de Academia Christiana. Fondé en 2013, ce mouvement de catholiques "traditionalistes d’extrême droite" se présente comme un institut de formation à la fois "spirituelle, morale, intellectuelle et sportive".

Gérald Darmanin a annoncé dimanche qu'il présenterait "dans les semaines qui viennent" en Conseil des ministres la dissolution d'Academia Christiana, un mouvement de catholiques traditionalistes d'extrême droite.

"Nous présenterons leur dissolution en Conseil des ministres dans les semaines qui viennent", a déclaré dans un entretien au média en ligne Brut le ministre de l'Intérieur. "Sous prétexte d'une prétendue menace pesant sur les Français", ce groupe "légitime de façon récurrente la violence physique et le recours aux armes", a précisé à l'AFP une source proche du dossier.

Des accusations "absurdes"

Pour ce faire, "elle utilise un vocabulaire guerrier et incite de manière explicite ses militants à s'armer et à partir en +croisade+", a ajouté cette source. "D'autre part, et en cohérence avec cette menace qui guetterait la France, Academia Christiana présente la +légitime défense+ comme nécessaire", a-t-elle encore dit.

Des accusations que réfute le président d'Academia Christiana, Victor Aubert, qui vit à Sées, dans l'Orne et que nous avons joint par téléphone : 

"C'est ridicule, le gouvernement nous reproche d'appeler à la violence, car nous avons utilisé une métaphore militaire dans l'une de nos communications, à savoir "Former une armée de bâtisseur". Nous sommes accusés d'antisémitisme car nous conseillons la lecture de Charles Maurras ou encore Jean Madiran".

Victor Aubert

Président de Academia Christiana

Le Normand ajoute : "Je suis choqué ! C'est devant mes enfants que trois gendarmes armés m'ont remis, à mon domicile, cette lettre du ministère de l'Intérieur".

Fondée en 2013 par des jeunes proches de la mouvance identitaire, Academia Christiana se présente comme un institut de formation "intégrale", à la fois "spirituelle, morale, intellectuelle et sportive".
Cette organisation est donc présidée par Victor Aubert, ancien professeur de français et philosophie à l'Institut Croix des Vents à Sées (Orne), un établissement scolaire privé hors contrat dirigé par la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, institut traditionaliste reconnu par Rome. Il est aujourd'hui chef d'entreprise.

Contestation devant le Conseil d'État

"Nous sommes de simples catholiques et en voulant nous dissoudre, le gouvernement s'en prend une fois de plus aux catholiques, qu'il considère comme des citoyens de seconde zone", ajoute ce dernier. "Ils veulent interdire toute pensée ou réflexion en dehors de l'idéologie laïciste et consumériste. Et si parler de cathédrales ou de l'Histoire de France, c'est être de l'extrême-droite alors tous les Français sont d'extrême-droite", lance le Normand. "C'est de la diffamation, ma famille est aussi impactée" ajoute ce dernier.

L'association prévoit de "contester cette procédure absurde" devant le Conseil d'Etat. Après l'annonce de sa prochaine dissolution, Academia Christiana a reçu sur les réseaux sociaux de nombreux soutiens à l'extrême droite, notamment dans la mouvance proche d'Eric Zemmour. "L'État de droit chez Darmanin, c'est ne pas pouvoir expulser des jihadistes, ne pas tirer sur des criminels qui menacent la police, ne pas dissoudre la Jeune Garde (mouvement +antifa", NDLR), laisser prospérer les Frères musulmans, mais pouvoir dissoudre des associations pacifiques en claquant des doigts", a fustigé sur X le fondateur de Reconquête!.

Le ministre de l'Intérieur a précisé dans son interview à Brut qu'au moins trois autres groupes d'ultradroite" étaient dans le viseur des services de renseignement", sans donner de détails.

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