L'implantation de la fibre optique sur des poteaux fait débat à Céaucé : "on aurait voulu être concertés"

Des habitants et des riverains de Céaucé (Orne) sont mobilisés contre le passage aérien de la fibre. Les sous-traitants de l'opérateur Orange commencent à installer des poteaux. Les propriétaires des terrains sont priés d'élaguer leurs haies bocagères, ce qu'ils refusent. Ils dénoncent un manque de concertation.

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Depuis quelques semaines, la fibre optique se déploie en aérien et à grande vitesse à Céaucé. Orange prévoit d’installer 120 poteaux sur l'ensemble de la commune.

Mais certains riverains et agriculteurs y sont hostiles. Ils demandent à ce que les lignes soient enterrées afin de préserver le paysage ornais.

Élaguer, tailler ou abattre la haie

Philippe Jamois, agriculteur de la commune, explique qu'il existe "une dizaine d'espèces d'arbres avec des érables, des hêtres, des chênes, des merisiers, des noisetiers. C'est magnifique au printemps, à l'automne". Néanmoins, Orange leur demande "d'élaguer, de tailler ou d'abattre cette haie-là" en vue de la mise en place aérienne imminente de la fibre.

Il note que les habitants ont reçu "des courriers il y a un mois" les informant de l'installation de la fibre sur des poteaux, au lieu de l'enterrer. L'opérateur avance qu'il n'est "pas possible" de la faire passer en sous-terrain à cause de l'étroitesse de la route, mais Philippe Jamois rétorque "qu'ils le font sur des routes plus petites que celle-là".

La mairie a été prévenue il y a un mois de cela et la semaine d'après, ils ont installé les poteaux. Personne n'a été mis au courant de ça, on aurait voulu être concertés.

Philippe Jamois, agriculteur de Céaucé

L'agriculteur déplore que cette installation soit faite "en urgence" et aurait voulu être concerté avec l'ensemble des habitants, qu'il s'agisse des "élus locaux ou des propriétaires de terrain pour voir comment passer cette fibre" au lieu de le faire "dans la précipitation".

Et si cette installation aérienne coûte "six fois moins cher", sur la durée, "la moindre petite tempête qui cassera cette fibre" privera les habitants de fibre pendant plusieurs semaines et le coût de réparation "sera plus élevé à l'avenir", avance Philippe Jamois. Personne n'est contre l'arrivée de la fibre, "on en a besoin aussi, tout le monde en a besoin" mais "on veut que ce soit fait intelligemment".

"Un problème crucial pour l'avenir du bocage"

S’il comprend les contraintes techniques de l’opérateur, Michel Dargent, le maire de Céaucé, regrette le manque de dialogue et de concertation, alors que le déploiement de la fibre est en projet depuis trois ans. Il reproche "de ne pas avoir été suffisamment été informé en amont" et pointe du doigt "des cas aberrants" avec des poteaux plantés "à côté de haies qui viennent d'être plantées ou dans une entrée de champs"

Pourtant, cela fait déjà "quelques années qu'on demande aux agriculteurs de replanter des haies pour maintenir les caractéristiques du bocage". Mais l'élagage des haies ne peut se faire "de façon rentable pour un agriculteur qu'à partir du moment où il le fait tous les 15 ou 20 ans".

Si celui-ci se fait tous les deux ou trois ans, "il ne faut pas y compter" et les agriculteurs "raseront les haies, peut-être pas tout de suite, mais petit à petit. Ils raseront régulièrement un peu plus bas tous les ans et la haie finira par mourir". Il s'agit d'un "problème crucial pour l'avenir du bocage" qui se retrouvera avec "des zones marécageuses" et "des zones très sèches".

Nous avions déjà soulevé le problème à l’époque : "en aérien, attention, ça va poser des problèmes avec les arbres et les haies". On ne nous a rien répondu, à part : "oui, certainement, ça fera un problème".

Michel Dargent, maire de Céaucé

Le sentiment de ne pas avoir participé aux discussions amène Michel Dargent à faire un autre constat : "la ruralité est beaucoup moins prise en considération que les zones urbaines. On travaille bien pour les zones urbanisées et un peu n'importe comment pour les zones rurales", regrette-t-il.

En somme, le maire "pense que c’est pour des raisons budgétaires principalement, ça coûte moins cher en aérien qu’en enfouissant"

L'enfouissement des lignes n'est pas possible, répond Orange

L’opérateur Orange explique que l’enfouissement des lignes n’était pas possible dans ce secteur, compte tenu de l’étroitesse de l’accotement. Il affirme également respecter les procédures d’installation. "Les poteaux ont été implantés exactement en conformité avec le règlement des routes départementales", explique Marc Maouche, délégué régional d'Orange Normandie.

Ce règlement les oblige à mettre "le poteau à 4 mètres de la chaussée, et quand ce n'est pas possible, de le mettre en haut du talus ou de l'autre côté du fossé. Donc c'est exactement ce qui a été fait". Il est conscient qu'à l'endroit où les poteaux sont implantés, des végétaux se trouvent à proximité. Mais ils n'ont "pas le choix".

Difficile donc de concilier ruralité et progrès technologique. Le plan numérique départemental prévoit, quant à lui, le déploiement de la fibre sur la totalité de l'Orne d'ici la fin de l'année.

Avec Aymeric Danis / FTV

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