"Il y a une possibilité de correspondance" entre la disparition de Lydie Logé et les agissements de Michel Fourniret selon Hughes de Phily, procureur d’Argentan, "mais il est difficile d'être sûr à 100%".
C'est un dossier très ancien qui avait donné lieu à de nombreuses investigations et deux ouvertures d'informations judiciaires : le 18 décembre 1993, Lydie Logé disparaissait dans l'Orne. Depuis, son corps n'a jamais été retrouvé. Mais une nouvelle piste est née suite à des comparaisons entre l'ADN de la disparue et des traces organiques retrouvées dans le véhicule du tueur en série Michel Fourniret.
L'information a été révélée par nos confrères du Parisien : l'ADN retrouvé dans la camionnette Citroen de Michel Fourniret, "émet une correspondance positive avec le profil génétique des proches d’une femme disparue en 1993 dans l’Orne". Le tueur en série utilisait ce véhicule pour séquestrer ses victimes.
Lydie Logé a disparu en 1993
Lydie Logé a disparu le 18 décembre 1993. La jeune ornaise avait 29 ans. Elle habitait à Saint-Christophe-le Jajolet dans l’Orne.
Suite à sa disparition, de nombreuses investigations ont été menées. Aucune piste n'a été écartée.
Il n'y avait pas d’hypothèses précises. Beaucoup de pistes ont été étudiées : suicide, disparition volontaire, l'entourage familial avait également été suspecté, c’est un dossier qui était et qui reste sensible, dont les plaies restent encore ouvertes. Hughes de Phily, procureur d’Argentan
Après deux non-lieux, le parquet d’Argentan a rouvert le dossier pour disparition inquiétante en 2018. "Il y aurait une possibilité de correspondance entre la disparition de la jeune femme et les agissements de Michel Fourniret" Hughes de Phily, procureur d’Argentan "mais il est difficile d'être sûr à 100%".
Des traces ADN retrouvées dans une camionnette (ré)étudiées en 2018
En 2018, les policiers de l’Office central de répression des violences aux personnes (OCRVP) ont effectué des comparaisons ADN avec des traces inconnues qui avaient été relevées dans le fourgon de Fourniret.
L'office regroupe une soixantaine de policiers et gendarmes chargés des enquêtes relatives aux atteintes aux personnes et également de la relecture de dossiers anciens. Ils les réexaminent à la lumière des progrès de la police technique et scientifique, de l'analyse criminelle et de l'analyse comportementale.
Pour effectuer cette comparaison, ils ont repris une vingtaine de dossiers non élucidés de meurtres et de disparitions. Le dossier de Lydie Logé est le seul à avoir révélé une correspondance positive. D’autres expertises pourraient être effectuées pour confirmer cette correspondance génétique.
Des interrogations subsistent
Le profil de Lydie Logé correspond-il à celui des victimes de Michel Fourniret ? Le tueur en série a été condamné pour le meurtre de huit jeunes filles et jeunes femmes. "Il est obsédé par la virginité" comme le rappellent nos confrères du Figaro, "mais il n'est pas qu'un criminel sexuel, il tue aussi par opportunité. Il n'hésitera pas à liquider la femme d'un ancien codétenu par appât du gain".En 1993, à l'époque de la disparition de Lydie Logé, les policiers situaient le tueur en série en Belgique.
L' ADN relevé est mitochondrial. Si l'ADN nucléaire est spécifique à un seul individu et permet de l'identifier, l'ADN mitochondrial n'est pas spécifique à un seul individu mais peut être partagé par plusieurs. Il permet d'obtenir des correspondances de parentés par exemple à plusieurs générations d'écart.
D'autres expertises pourraient être pratiquées pour vérifier la correspondance d'ADN. "Ca peut s'envisager mais on ne sait pas si c'est possible, techniquement parlant" explique le Procureur d'Argentan.
Reportage J-Y Gélébart, MBellinghen
Intervenants : Hugues de Phily, Procureur de la République d'Argentan
Michel Lerat, Maire de Saint-Christophe-le-Jajolet